« Alerte réelle » : des Rafale français en Pologne, sentinelles de l’Otan face aux drones russes

Un avion de combat Rafale français décolle lors d'une mission conjointe avec des F16 polonais sur une base aérienne à Minsk Mazowiecki le 17 septembre 2025.
Photo: THIBAUD MORITZ/AFP via Getty Images
Dans le ciel polonais, trois chasseurs Rafale français patrouillent désormais au-dessus des forêts et campagnes, marquant le lancement de l’opération « Sentinelle de l’Est » par l’Alliance atlantique.
Cette mission de surveillance aérienne fait suite à un incident sans précédent survenu dans la nuit du 9 au 10 septembre.
L’incident déclencheur
Dix-neuf drones russes de longue portée ont violé l’espace aérien polonais, provenant de Biélorussie et d’Ukraine. Pour la première fois depuis la création de l’OTAN en 1949, des appareils non-identifiés ont été abattus au-dessus du territoire d’un pays membre – trois drones ont été neutralisés par les défenses polonaises.
Mark Rutte, secrétaire général de l’Alliance, a qualifié cet événement d' »inacceptable », qu’il soit « intentionnel ou non », justifiant ainsi le déploiement rapide de forces aériennes supplémentaires sur le flanc oriental.
Un dispositif multinational
L’opération mobilise plusieurs nations alliées. Outre les Rafale français stationnés à Minsk Mazowiecki, des Eurofighter allemands et britanniques ainsi que des F-16 danois renforcent la surveillance aérienne depuis différentes bases régionales.
Le détachement français, composé de 68 militaires sous les ordres du commandant Victor, bénéficie d’une position stratégique exceptionnelle. Située à seulement 120 kilomètres de la frontière bélarusse et 150 kilomètres de l’Ukraine, la base constitue « le point d’appui le plus important à l’est de Varsovie », selon le lieutenant-colonel polonais Marcin Boruta.
Première alerte réelle
La réactivité du dispositif s’est rapidement confirmée. Dès samedi, moins de 24 heures après le lancement de l’opération » Sentinelle de l’Est », deux Rafale ont été scramblés (mis en alerte pour un décollage en urgence) en urgence suite à la détection de drones suspects se dirigeant vers la frontière polonaise depuis les territoires ukrainien et biélorusse. Bien que ces appareils n’aient finalement pas franchi la frontière, l’alerte a démontré l’efficacité du système.
Les équipages, comme les capitaines Justine, Hugo et Lucas, vivent en permanence sur la base, prêts à décoller « au coup de sifflet ». Leurs Rafale, équipés de quatre missiles air-air Mica et d’un canon de 30 mm, ont pour mission d’identifier, localiser et, si nécessaire, neutraliser les drones d’attaque Gueran-2 ou les drones d’observation Gerbera que la Russie déploie massivement contre l’Ukraine.
Enjeux tactiques et stratégiques
La question de l’interception pose des défis techniques particuliers. Face à des drones lents évoluant à basse altitude, l’usage de missiles coûteux (600 000 euros) contre des appareils valant quelques dizaines de milliers d’euros interroge. Cependant, comme l’explique le capitaine Lucas, « le coût n’entre pas en ligne de compte » – c’est la sécurité des populations civiles qui prime.
Au-delà de l’aspect opérationnel, ce déploiement revêt une dimension politique majeure. Le choix d’engager des appareils des Forces aériennes stratégiques (FAS), composante nucléaire française, « concrétise la dimension européenne de la dissuasion française », analyse Etienne Marcuz de la Fondation pour la recherche stratégique. Cette décision s’inscrit dans la volonté d’Emmanuel Macron d’approfondir le dialogue stratégique avec les partenaires européens.
Avec AFP

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