Un policier de la Bac passé à tabac à Tourcoing pour un vol de trottinette

Le ministre de la Justice sortant, Gerald Darmanin, s'adresse à la presse après sa visite à l'hôtel de police de Tourcoing, le 12 septembre 2025, après l'hospitalisation d'un policier agressé le 11 septembre 2025.
Photo: FRANCOIS LO PRESTI/AFP via Getty Images
Trois mineurs ont été interpellés suite à l’agression d’un policier jeudi à Tourcoing, dans le Nord, a annoncé vendredi le ministre démissionnaire de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Celui-ci s’est rendu sur place accompagné de la procureure de Lille pour faire le point sur cette affaire qui a choqué par sa violence et la diffusion virale de sa vidéo.
Une intervention qui dégénère
L’agression s’est déroulée jeudi en fin d’après-midi lorsqu’un policier de la brigade anticriminalité (BAC) intervenait avec deux collègues pour un vol de trottinette. « Il y avait du chantage, un harcèlement d’un gamin, d’un pauvre gamin, qui subissait la loi d’une petite bande », a expliqué Gérald Darmanin devant le commissariat de Tourcoing, ville dont il fut maire.
La situation a rapidement dégénéré, aboutissant au passage à tabac du fonctionnaire de police, maintenu au sol en pleine rue et frappé de plusieurs coups de poing au visage. Les images de cette agression, filmées et largement diffusées sur les réseaux sociaux, ont provoqué une vive émotion.
Les interpellations et recherches en cours
Carole Étienne, procureure de la République de Lille, présente aux côtés du ministre, a détaillé les suites judiciaires de l’affaire. Une première interpellation a eu lieu jeudi à 18h30, juste après l’agression. Deux autres personnes ont été interpellées vendredi matin. Les trois interpellés sont tous mineurs et ne présentaient pas d’antécédents judiciaires.
Deux autres personnes impliquées, dont un majeur, « sont activement recherchées », a précisé la procureure. Au total, cinq personnes âgées de 15 à 19 ans sont dans le viseur des enquêteurs : quatre sont soupçonnées d’être impliquées dans l’agression proprement dite, et une dans la captation vidéo de celle-ci.
L’état de santé du policier
Le policier victime de l’agression « est plus choqué psychologiquement que physiquement », selon Gérald Darmanin, bien qu’il souffre d’un nez cassé et d’une « cloison nasale qu’il va sans doute se faire opérer ». La procureure a précisé qu’il s’est vu remettre une incapacité totale de travail (ITT) de cinq jours, « réévaluable » selon l’évolution de son état.
Un « second scandale » selon Gérald Darmanin
Le ministre démissionnaire a particulièrement insisté sur ce qu’il considère comme un « second scandale » : la diffusion des images de l’agression. « Qu’on puisse diffuser ces images, c’est là le second scandale », a-t-il martelé, déplorant qu’on puisse « se réjouir » de cette agression dont la vidéo a été massivement relayée sur les réseaux sociaux.
Gérald Darmanin a également réitéré son souhait d’instaurer dans la loi des « peines minimales », appelant à « un débat pour savoir quel est le tarif minimum lorsqu’on commet des actes contraires à l’intégrité de la République ».
Plusieurs enquêtes ouvertes
Le parquet de Lille a ouvert plusieurs enquêtes distinctes. La première concerne les violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, « aggravées puisqu’en réunion et en s’accaparant la matraque télescopique d’un policier ». Une seconde enquête vise le vol de trottinette avec menaces et intimidation qui a déclenché l’intervention policière. Enfin, une troisième enquête porte sur la captation et la diffusion de l’agression.
Réactions politiques et syndicales
Cette agression a suscité de vives réactions. Le syndicat de police Alliance a publié un communiqué dénonçant que « ce n’est pas un dérapage, c’est un symptôme : la violence contre les forces de l’ordre prospère parce que l’impunité est désormais enracinée ».
Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, a également réagi sur X, réclamant que « l’État doit absolument se donner de nouveaux moyens, juridiques et éducatifs, pour une plus grande fermeté ». Cette affaire relance le débat sur la protection des forces de l’ordre et la nécessité de renforcer l’arsenal juridique contre les violences qui leur sont faites.
Avec AFP

Articles actuels de l’auteur









