Pesticides
Pesticides et rejets toxiques : des agriculteurs et des militants écologistes bloquent une usine BASF près de Rouen
Ce lundi matin, dès les premières lueurs du jour, l'usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, située dans la région rouennaise, s'est retrouvée paralysée. Environ 500 agriculteurs et militants écologistes, selon les organisateurs, ont convergé vers le site industriel pour exprimer leur ras-le-bol face à la production de pesticides et aux rejets toxiques.

Devant l'usine BASF lors d'une manifestation dénonçant le rejet de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) dans l'environnement, à Saint-Aubin-Les-Elbeuf, dans le nord-ouest de la France, le 17 novembre 2025.
Photo: LOU BENOIST/AFP via Getty Images
Vêtus de combinaisons blanches symbolisant la contamination invisible, ces manifestants ont érigé un mur humain devant l’une des installations les plus controversées de France.
L’opération, minutieusement orchestrée, a duré près de six heures avant d’être levée peu avant 13h00. La préfecture de Seine-Maritime a comptabilisé environ 300 participants, dont une soixantaine sont parvenus à franchir les grilles du site en utilisant des tracteurs comme béliers. Cette intrusion forcée a conduit à l’interpellation de deux militants, poursuivis pour outrage et rébellion.
Les polluants éternels au cœur du scandale
Au centre des accusations : les PFAS, ces substances chimiques surnommées « polluants éternels » en raison de leur persistance dans l’environnement. En janvier dernier, plusieurs associations avaient déjà tiré la sonnette d’alarme, révélant que l’usine BASF détenait le record national de rejets de TFA dans la Seine. Cette molécule appartenant à la famille des PFAS s’accumule dans les écosystèmes sans jamais se dégrader.
Face à cette accusation, le géant allemand de la chimie a répliqué en annonçant avoir réduit de 85% ses émissions de TFA depuis janvier grâce à un plan d’action. Une réponse jugée insuffisante par les manifestants qui brandissaient des pancartes sans équivoque : « BASF multinationale du cancer », « pesticide tue et pollue » ou encore « BASF exportateur de poison ».
Une mobilisation intersyndicale sans précédent
L’alliance formée pour cette action reflète l’ampleur de l’inquiétude collective. La Confédération paysanne, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, Cancer Colère, les Faucheurs volontaires et les Soulèvements de la Terre ont uni leurs forces. Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération paysanne, a martelé un message clair : « Les premiers touchés, ce sont les paysans, les paysannes et les salariés agricoles de ce système agrochimique ».
Les manifestants dénoncent un problème de santé publique majeur, évoquant la multiplication alarmante de cancers pédiatriques, de maladies neurodégénératives et de troubles hormonaux. Sept tracteurs et des monticules de terre ont bloqué six poids lourds à l’entrée du site, sous la surveillance d’un imposant dispositif policier.
Le scandale de l’exportation des produits interdits
L’un des points les plus explosifs de cette mobilisation concerne la production de pesticides interdits en Europe mais destinés à l’exportation. Lors de leur « inspection » du site, les militants affirment avoir trouvé des preuves de fabrication et de stockage de produits à base de Fipronil, une substance bannie sur le territoire européen.
« Cette usine produit en immense majorité des pesticides interdits en Europe pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, c’est totalement illégitime », a martelé Thomas Gibert. Il pointe du doigt la recherche effrénée de profits et dénonce « l’indécence » d’entreprises qui profiteraient des accords de libre-échange comme le traité du Mercosur pour contourner les réglementations européennes.
De son côté, la direction de BASF France a annoncé son intention de déposer plainte, dénonçant des intrusions, des dégradations matérielles et des comportements mettant en danger la sécurité du site.
Avec AFP





