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Sommet sur la souveraineté numérique européenne

Annonce de 18 partenariats européens en IA : « Le train n’est pas encore parti ! »

À l'occasion du sommet numérique qui a eu lieu cette semaine à Berlin, responsables politiques, chefs d'entreprise et experts ont débattu de la souveraineté numérique de l'Europe et de la course technologique mondiale. L'Allemagne et la France se positionnent comme des pays leaders.

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La ministre déléguée française à l’Intelligence artificielle et aux Affaires numériques, Anne Le Henanff (à dr.), et le ministre allemand des Infrastructures numériques, Karsten Wildberger, s’adressent aux médias lors du Sommet européen sur la souveraineté numérique, à Berlin, le 18 novembre 2025. Des responsables des affaires numériques des secteurs public et privé se sont réunis afin de discuter des politiques visant à garantir l’indépendance, la sécurité et la compétitivité numériques de l’Europe.

Photo: : Sean Gallup/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Ce sommet franco-allemand  sur la souveraineté numérique européenne portait notamment sur les moyens de promouvoir le développement de l’intelligence artificielle en Europe.
De nombreuses grandes entreprises ont accepté de collaborer avec des développeurs européens spécialisés dans ce domaine. Ces 18 nouveaux partenariats représentent plus d’un milliard d’euros d’investissements en IA, a annoncé l’Initiative des champions de l’IA de l’UE (EU AICI), créée en février.

L’Europe doit prendre le leadership, selon Friedrich Merz

« Les entreprises sont les principaux moteurs de l’innovation numérique », a déclaré Friedrich Merz lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet. Par conséquent, la participation de nombreuses entreprises à ce sommet et leurs investissements et partenariats d’innovation significatifs constituent « un signe particulièrement positif ».
Le chancelier allemand a évoqué un montant total de plus de douze milliards d’euros d’investissements supplémentaires, convenus le 18 novembre, sans toutefois fournir davantage de précisions. « L’Europe doit jouer un rôle de premier plan dans les technologies d’IA innovantes », a-t-il souligné.
Depuis février, 20 milliards d’euros d’investissements ont déjà été injectés dans les entreprises et projets européens d’IA, a annoncé l’AICI de l’UE.
Cette initiative regroupe environ 110 des entreprises et développeurs d’IA européens les plus influents. Son objectif est de mettre en relation les principaux développeurs d’IA européens avec les principaux utilisateurs européens d’IA.

L’indépendance, un problème de sécurité

Comment les administrations publiques et les entreprises européennes peuvent-elles s’affranchir de leur dépendance à l’égard de géants comme Google, Amazon et Microsoft en développant leurs propres solutions d’IA, logiciels et services cloud ?
Telle était la question centrale. Elle a des implications majeures en matière de politique de sécurité, car celui qui possède les logiciels, le stockage cloud des données et l’IA capable de les exploiter détient un pouvoir considérable.
La réunion, qui a rassemblé environ 1000 participants, visait à dynamiser l’Europe en l’encourageant à développer plus rapidement ses propres solutions.
Le ministre fédéral du Numérique, Karsten Wildberger (CDU), y a joué un rôle de premier plan. L’Europe doit sortir de son rôle passif de spectatrice ; la renaissance numérique est portée par l’intelligence artificielle ; et le sommet symbolise un nouveau départ. Ces thèmes étaient au cœur de son discours.

Europe : De client à fabricant ?

La souveraineté numérique ne signifie pas fermer les portes. Nous continuerons de collaborer avec les entreprises technologiques de pointe, mais l’Europe est restée trop longtemps cantonnée au rôle de cliente et de spectatrice, a déclaré le ministre allemand.
Nous devons devenir des créateurs et passer d’une culture de l’aversion au risque à une culture du progrès. Trop de règles étouffent l’innovation, a-t-il poursuivi.
Cependant, la protection des données, les droits civiques et la sécurité de l’IA sont non négociables, a également souligné le ministre du Numérique.
Que peut offrir l’Europe face aux grandes entreprises dont les programmes et les produits sont omniprésents, des smartphones aux ordinateurs de bureau ?
Selon M. Wildberger : « Le train n’est pas encore parti. Nous devons le rattraper, mais il n’est pas encore parti. »

La ministre déléguée française à l’Intelligence Artificielle, Anne Le Henanff, s’est adressée à la presse lors du sommet sur la souveraineté technologique de l’Europe, le 18 novembre 2025, à Berlin. Les PDG de grandes entreprises régionales, dont la société française d’IA Mistral et le géant allemand du logiciel SAP ont participé au sommet berlinois. (Photo : John MACDOUGALL/AFP via Getty Images)

La ministre française du Numérique, Anne Le Henanff, a déclaré que l’Europe comptait des entreprises innovantes prêtes à se lancer, dont certaines étaient présentes au sommet de Berlin. Cependant, des obstacles subsistent. Elle a plaidé pour un financement européen conjoint destiné à ces entreprises.

L’État en tant que « client principal »

Autre point à l’ordre du jour du sommet : le rôle de l’État comme client principal, c’est-à-dire un client qui utilise les technologies d’entreprises nationales pour favoriser leur croissance et leur réussite.
L’État allemand du Schleswig-Holstein, par exemple, procède ainsi et remplace progressivement les logiciels Microsoft tels qu’Outlook, Excel et Word par d’autres systèmes au sein de son administration.
Comme l’ont déjà indiqué des sources gouvernementales, l’Allemagne et la France entendent veiller à ce que les outils dits open source soient davantage développés et utilisés plus largement à ces fins.
Par ailleurs, la Commission européenne est invitée à œuvrer pour que les données critiques restent au sein de l’UE et que les flux de données soient simplifiés pour les entreprises. Un groupe de travail franco-allemand conjoint sera chargé de coordonner ces actions.