Alerte : près de la moitié des visiteurs d’hôpitaux ne se lave pas les mains

L’étude a identifié des schémas précis dans ce comportement préoccupant, les mauvaises habitudes d’hygiène des mains étant particulièrement fréquentes le matin, le soir et aux heures des repas. « Beaucoup de gens peuvent penser que se laver les mains est devenu un réflexe — surtout à l’hôpital depuis la pandémie de Covid-19 —, mais nos données dressent un autre tableau », a déclaré dans un communiqué de presse le Dr Pablo Pereira-Doel, auteur principal de l’étude.

Négliger le lavage des mains à l’hôpital peut avoir de lourdes conséquences pour les patients et pour le système de santé publique, a ajouté Carrie Newlands, responsable des compétences cliniques à la faculté de médecine de l’université de Surrey (Angleterre).

Les dangers cachés : les agents pathogènes présents sur les surfaces hospitalières

« Les hôpitaux regorgent de microbes, et il est toujours recommandé de se laver les mains en entrant et en sortant de l’établissement », a déclaré au journal Epoch Times Li Shang, médecin en poste à l’hôpital Shuanghe, rattaché au ministère de la Santé et du Bien-être à Taïwan.

Une étude de 2024 publiée dans l’American Journal of Infection Control a montré que, malgré des désinfections fréquentes, de nombreuses surfaces en milieu de soins abritaient encore des agents pathogènes, identifiant les mannequins, les barrières latérales des lits et les postes de travail mobiles comme particulièrement contaminés.

De même, une étude de 2020 parue dans Nature Communications a constaté que, lors de tests de charge virale effectués dans des services hospitaliers pendant la pandémie de Covid-19, des virus ont été détectés sur plus de la moitié des surfaces des services, y compris les barrières latérales des lits et les chaises.
Contrairement aux bactéries, qui peuvent être éliminées par des désinfectants à base d’alcool, de nombreux virus y résistent. Le lavage fréquent des mains demeure donc la meilleure pratique pour prévenir les maladies infectieuses.

Pourquoi le lavage des mains est essentiel

Bien plus qu’une simple habitude, un lavage des mains réalisé correctement est une pratique essentielle de santé publique dont les bénéfices pour limiter la propagation des agents pathogènes sont prouvés.

Prévenir les infections respiratoires aiguës

Une méta-analyse publiée en 2023 dans The Lancet, portant sur plus de 160.000 personnes issues de 26 études, a montré que la promotion du lavage des mains réduisait le risque d’infections respiratoires aiguës de 17 %, d’infections des voies respiratoires de 22 % et d’infections des voies respiratoires supérieures de 26 %.

Le Dr Zheng Yuanyu, infectiologue à la clinique Shangwen à Taïwan, a expliqué le mécanisme de transmission : les mains et d’autres parties du corps peuvent être exposées à des gouttelettes émises par des personnes infectées ou entrer en contact avec des objets contaminés. Lorsque nos yeux, notre nez ou notre bouche touchent ces surfaces infectées, le virus peut pénétrer dans l’organisme.

Prévenir l’infection au norovirus

Le norovirus, très contagieux, est responsable de 58 % des maladies d’origine alimentaire aux États-Unis. Le virus entraîne en moyenne 465.000 passages aux urgences chaque année, principalement chez les jeunes enfants, et plus de 100.000 hospitalisations. Le norovirus provoque une gastro-entérite aiguë, avec des symptômes comme des nausées, des vomissements, des diarrhées et des crampes abdominales.
Le Dr Huang Xuan, spécialiste en pneumologie et soins intensifs à Taïwan, a décrit les modes de transmission : contact direct avec une personne infectée, ingestion d’aliments ou d’eau contaminés, et contact avec des surfaces souillées.

La clé de la prévention est de se laver les mains à l’eau et au savon pendant au moins 20 secondes après être allé aux toilettes, avant de manger, et avant et après avoir touché son téléphone, en insistant sur le nettoyage entre les doigts et sous les ongles. L’alcool ne tue pas le norovirus ; il faut donc utiliser de l’eau de javel pour la désinfection.

Les recherches montrent qu’en augmentant la conformité aux règles d’hygiène des mains à 60 % parmi le personnel des maisons de retraite, les cas de norovirus peuvent être réduits d’environ 75 %.

Prévenir la grippe

Le lavage des mains est efficace pour prévenir la grippe, mais la technique et la durée comptent. Une étude menée auprès de 3000 personnes a montré que se laver les mains au savon pendant seulement cinq à dix secondes augmentait de 37 % la probabilité de présenter des symptômes de type grippal. À l’inverse, un lavage adéquat après des contacts sociaux réduisait ces symptômes de 41 %.

Prévenir la conjonctivite

L’adénovirus est l’un des principaux virus responsables de la conjonctivite, ou « œil rose ». Il se propage par contact direct avec les yeux ou avec les sécrétions respiratoires d’une personne infectée, ainsi que via des objets contaminés comme les vêtements, le maquillage pour les yeux, les serviettes ou les collyres.

Des études ont montré que 46 % des patients atteints de conjonctivite avaient des virus sur les mains, ce qui rend le lavage fréquent crucial pour empêcher la transmission.

Prévenir la maladie main-pied-bouche

La maladie main-pied-bouche, causée par le coxsackievirus, affecte principalement les enfants. Une étude de 2019 publiée dans le Journal of Infection a montré qu’après le renforcement des mesures de lavage des mains dans les jardins d’enfants, la probabilité pour un enfant de contracter le virus diminuait de 60 à 70 %, et la durée des arrêts maladie était également réduite de façon significative.

Technique et moments pour se laver les mains

Un bon lavage des mains repose sur trois éléments clés : savoir quand se laver, frotter suffisamment longtemps et ne pas négliger certaines zones comme l’espace entre les doigts.

Il est recommandé de se laver les mains :

• Après être rentré d’un lieu public.

• Avant et après une visite à l’hôpital.

• Après être allé aux toilettes.

• Avant et après les repas.

Le Dr Xuan conseille également de se laver les mains et de porter un masque avant de prendre dans ses bras un nourrisson ou un jeune enfant, leur système immunitaire étant plus fragile face à des virus qui n’affectent pas forcément les adultes.

Corriger les gestes oubliés

Une étude portant sur 664 étudiants, qui a analysé les procédures de lavage des mains et les bactéries résiduelles, a montré que beaucoup oubliaient de frotter entre les doigts et le dos des mains.

Les poignets et les bouts des doigts sont les zones où l’on retrouve le plus de résidus contaminants.

Le Dr Yuanyu recommande donc de bien frotter les paumes, le dos des mains, entre les doigts et le bout des doigts, en insistant sur la base du pouce et la zone allant du pouce à la paume. L’ensemble du lavage devrait durer au moins 30 secondes.

Le Dr Zheng préconise de frotter avec du savon et de l’eau pendant au moins 20 secondes. Le savon ne tue pas forcément les virus, mais il permet de les éliminer mécaniquement, réduisant ainsi le nombre d’agents pathogènes et diminuant efficacement le risque d’infection.

Les limites des désinfectants à base d’alcool

Le Dr Xuan met en garde contre une dépendance excessive aux produits à base d’alcool pour la désinfection, au détriment d’une hygiène manuelle réelle. « Beaucoup de personnes ont pris l’habitude de vaporiser de l’alcool dans les lieux publics », explique-t-il. Les virus présents sur les surfaces se transmettent surtout via les mains, qui les récupèrent sur des objets comme les poignées de porte ou les tables, avant qu’ils ne pénètrent dans l’organisme lorsque l’on touche sa bouche ou son nez.

L’alcool tue les bactéries, mais pas tous les virus. Pourtant, beaucoup privilégient le gel hydroalcoolique par commodité sans en connaître les limites. « Se laver les mains au savon est un moyen bien plus efficace d’éviter de ramener chez soi des virus comme l’entérovirus, le rhinovirus, le virus responsable de la maladie main-pied-bouche ou le norovirus », conclut-il.