Logo Epoch Times

« Le voile ne devrait pas exister en France » : les propos du recteur de la Grande Mosquée de Paris créent la polémique

top-article-image

Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, prononce ses vœux pour la nouvelle année, le 23 janvier 2025.

Photo: Crédit photo THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

Le recteur de la Grande mosquée de Paris s’est exprimé ce lundi sur le port du foulard islamique, déclarant que celui-ci ne devrait pas exister en France. Ses propos ont déclenché une vague de colère et d’indignation sur les réseaux sociaux, parmi des membres de la communauté musulmane.
Invité de BFM Story ce lundi 28 avril, Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris, a provoqué la polémique en affirmant que « le voile ne devrait pas exister en France aujourd’hui ». Il était interrogé sur les propos du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui, le 26 mars dernier, avait déclaré vouloir « abattre le voile » dans le monde du sport.
« Une gamine n’a pas à mettre le foulard »
« L’islam est une religion de la connaissance et de l’instruction », a expliqué le recteur de la Grande mosquée de Paris, soulignant que ce n’était pas la première fois qu’il s’opposait au port du voile. Par le passé, lors des débats entourant l’examen de la loi en 2004 – qui interdit le port de signes religieux ostensibles à l’école – il avait en effet mentionné qu’« une gamine n’a pas à mettre le foulard » dans ce cadre parce qu’elle « est là pour aller à l’école », a-t-il rappelé ce lundi, ajoutant qu’à l’époque, son prédécesseur Dalil Boubakeur et lui-même étaient « montés au créneau ».

En cliquant sur le bouton Suivant, vous acceptez que le contenu de twitter soit chargé.

« Dans le même temps, là où je ne suis pas d’accord avec Bruno Retailleau, c’est qu’on ne doit pas stigmatiser les femmes qui veulent porter le foulard », a nuancé Chems-Eddine Hafiz. Et d’ajouter : « À partir du moment où une femme le porte dans un lieu public comme à l’université, je n’y vois aucun inconvénient, je n’ai pas à la juger. »
« Nous condamnons sans réserve cette prise de position honteuse »
Ces propos ont été pointés du doigt sur les réseaux sociaux par la communauté musulmane. Sur X, l’association l’Union algérienne (UE) a condamné « sans réserve » cette « prise de position honteuse, qui n’engage que lui ». Chems-Eddine Hafiz « ne défend pas la laïcité : il piétine l’histoire, il nourrit la haine contre nos mères, nos sœurs, nos familles et les blessent », a encore écrit l’association, ajoutant : « Il contribue à faire basculer la fenêtre d’Overton du côté de l’islamophobie la plus abjecte. »
Shanna Messaoudi, qui a 10.000 abonnés sur X, s’est également fendu d’un tweet incendiaire, mentionnant que « l’État algérien doit fermement se désolidariser de ses déclarations, qui ne sont pas sans rappeler les discours de l’extrême droite, et mettre un terme au financement de cette mosquée qui participe à la stigmatisation des femmes voilées, qui subissent quotidiennement des agressions verbales dans l’espace public ».
« Le maître du double discours » confond « islam et islamisme »
Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’islamisme, a également réagi aux propos du recteur de la Grande mosquée de Paris, pointant le caractère ambigu de ceux-ci. « Il dit que les enfants ne doivent pas porter le voile c’est bien le minimum. Mais il confond islam et islamisme », a-t-elle expliqué dans un tweet ce mardi, poursuivant : « Le maître du double discours fait mieux que Ramadan. Car celui-ci était exclu, lui monte dans l’avion présidentiel. »

En cliquant sur le bouton Suivant, vous acceptez que le contenu de twitter soit chargé.

Dans un entretien accordé à Epoch Times en avril de l’année dernière, la chercheuse a rappelé ce qui s’était passé en 1989 lors de l’affaire dite des « foulards de Creil », dans laquelle trois collégiennes avaient refusé d’enlever leur foulard dans la salle de classe, ce qui avait entraîné une controverse très médiatisée. Elle a souligné que l’on se retrouve dans la même problématique 35 ans plus tard, mais « à un niveau quantitatif beaucoup plus important ».
« Nous n’avons pas avancé d’un pouce dans notre analyse et dans notre compréhension de ce phénomène qui caractérise pour moi l’idéologie frériste, celle que j’analyse en détail dans mon livre », a mentionné l’anthropologue, auteure de l’ouvrage Le Frérisme et ses réseaux, L’Enquête, paru aux éditions Odile Jacob en janvier 2023. Celui-ci est centré sur les Frères musulmans, un mouvement islamiste fondé en 1928 en Égypte qui ambitionne l’instauration d’une société islamique mondiale.