Agriculteurs en colère
Colère des éleveurs : des axes routiers toujours bloqués dans le Sud-Ouest
Annie Genevard, ministre française de l'Agriculture, se rendra lundi dans le Sud-Ouest pour « assister au début de la vaccination » des troupeaux bovins. Cette visite intervient alors que des agriculteurs en colère bloquent plusieurs axes routiers majeurs, contestant fermement la stratégie gouvernementale de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Des sapins de Noël décorés à côté d'agriculteurs participant au blocage de l'accès à l'autoroute A64 pour protester contre l'abattage des bovins atteints de dermatose nodulaire contagieuse à Carbonne, dans le sud-ouest de la France, le 14 décembre 2025.
Photo: Germain MICHELET / AFP via Getty Images
La mobilisation prend de l’ampleur sur les routes du Sud-Ouest. « Le Sud-Ouest du réseau reste très fortement perturbé entre Toulouse et Bayonne », indique Vinci autoroutes dans son dernier communiqué. L’autoroute A64 subit des fermetures partielles, avec des éleveurs présents directement sur les voies au Pays basque et à Carbonne, cette commune au sud-ouest de Toulouse qui avait déjà été l’épicentre de la grogne agricole en janvier 2024.
Une détermination palpable sur le terrain
Les perturbations s’étendent également à l’A75 et à plusieurs routes nationales. En Gironde, un convoi d’agriculteurs s’est élancé dimanche matin du sud de Bordeaux vers la métropole. Sur le terrain, la détermination est palpable. « Le barrage est en place, l’autoroute est jonchée de détritus, les remorques sont pleines de tout ce qui peut brûler », témoigne Léon Thierry, coprésident de la Coordination rurale des Pyrénées-Atlantiques, depuis l’A64 entre Briscous et Urt. Samedi soir, « il y avait 400/500 personnes, les tracteurs arrivent, on n’est pas prêts de lâcher », ajoute-t-il.
Un défi sanitaire de grande ampleur
Face à cette crise, la ministre affiche sa volonté d’agir rapidement. « C’est un défi que nous allons relever avec les éleveurs : vacciner dans les temps les plus rapides possible 1 million de bêtes parce que c’est le chemin pour lutter contre la maladie », a-t-elle déclaré dimanche sur Europe 1. Annie Genevard promet de se déplacer sur le terrain, « comme je l’ai fait d’ailleurs en Savoie, en Haute-Savoie, dans le Jura ». Pour elle, cette campagne de vaccination représente « un chemin d’espoir pour empêcher l’abattage des troupeaux ».
Concrètement, un million de bêtes supplémentaires vont être vaccinées dans les huit départements du Sud-Ouest placés en zone réglementée, s’ajoutant au million déjà vacciné. L’opération représente un investissement de 20 millions d’euros pour l’État.
Une guerre syndicale sur la stratégie sanitaire
Le monde agricole se divise profondément sur la méthode à adopter. Depuis l’apparition du premier foyer en juin dernier en Savoie, la stratégie gouvernementale repose sur trois piliers : l’abattage systématique de tous les animaux des exploitations touchées, des restrictions strictes sur les déplacements de troupeaux et une vaccination d’urgence dans un périmètre de 50 kilomètres autour des zones infectées. Cette maladie, bien que très contagieuse pour les bovins, ne présente aucun danger pour l’homme.
Cette approche, soutenue par l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, est violemment contestée par la Coordination rurale et la Confédération paysanne. Ces deux organisations, habituellement opposées, font front commun contre l’euthanasie généralisée des bêtes et réclament une vaccination massive du cheptel français, qui compte 16 millions de bovins.
« L’arrêt des abattages totaux »
La Coordination rurale a clairement affiché ses exigences : elle ne compte rien lâcher avant d’obtenir « l’arrêt des abattages totaux » des troupeaux où des cas de DNC ont été détectés. Seule la vallée du Rhône a connu un apaisement temporaire, avec la levée d’un barrage au nord de Montélimar vers 1 heure du matin, selon Louis Petiton Saint Mard, coprésident de la Coordination rurale 26.
La mobilisation s’annonce durable tant que les revendications des éleveurs ne seront pas entendues.
Avec AFP

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