Une élue de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a été démise de ses fonctions après avoir accueilli dans son jardin une famille sans-abri. Cette situation, révélée via les réseaux sociaux le week-end dernier, durait depuis les dernières vacances de Pâques.
Danièle Maillot, adjointe au logement de Rosny-sous-Bois, avait proposé à un couple de sans-abri et à leur fils de 11 ans de planter leur tente dans son jardin, faute de logement disponible. Le maire de la commune, Jean-Paul Fauconnet (LR), a aussitôt réagi, comme le relate Le Parisien.
« Si ces faits sont avérés, ils sont d’une particulière gravité »
Dans la vidéo, cette famille, le visage dissimulé, témoigne de ses conditions d’hébergement et affirme avoir « tout perdu » suite à la crise du covid-19. Elle indique rencontrer régulièrement son assistante sociale, tout en regrettant le fait qu’« il y a beaucoup de monde à la recherche d’un logement ». Après la publication de ces images, le jardin de Rosny-sous-Bois où se trouvait la tente a été minutieusement examiné, révélant qu’il appartenait à Danièle Maillot et à son mari.
Rosny-sous-Bois : l’élue au logement démise de ses fonctions après avoir hébergé des sans-abri dans son jardin https://t.co/TJlCNBwErR
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Si depuis lundi, la famille concernée a été prise en charge par le Samu social, l’affaire a cependant suscité une vive polémique. Indigné, l’élu d’opposition (DVD) Ivan Itzkovitch a immédiatement adressé un courrier au maire ce même jour. « Si ces faits sont avérés, ils sont d’une particulière gravité compte tenu des responsabilités exercées par cette élue et des conséquences graves que pourrait comporter cet hébergement insalubre pour la santé des personnes hébergées », a-t-il écrit, demandant le retrait de la délégation de l’adjointe, voire sa démission. Selon lui, « on ne peut pas être élue au logement et en même temps vecteur d’insalubrité. Il y a une perte de crédibilité. Cela la disqualifie pour traiter les questions de logement ».
L’adjointe relevée de ses fonctions à sa demande
À la demande de Danièle Maillot elle-même, l’édile a relevé cette dernière de ses fonctions en lui retirant sa délégation. Selon lui, l’élue – qui affirme n’avoir commis aucune faute légale – a choisi cette option afin d’éviter que « la probité de la direction du logement et de l’habitat soit entachée ».
Danièle Maillot a déclaré ce mardi avoir agi en réponse à une « exigence morale en offrant à cette famille la possibilité de ne pas vivre dans la rue », précisant : « C’est mon époux et moi-même qui avons, sur nos deniers personnels, acheté, afin de leur en faire don, la tente et les matelas utilisés par la famille ». Elle ajoute que cette famille « profitait des installations d’hygiène du pavillon, à savoir la douche, le lave-linge et les toilettes ».
Elle a encore souligné : « Je ne souhaite pas que la polémique ouverte sur les réseaux sociaux et accentuée par un groupe politique […] entache ni le bilan en termes de logement et d’habitation du maire, ni le fonctionnement de la direction de l’habitat et du logement dont les agents fournissent un travail remarquable. »
« Elle a agi par grande générosité, par grand cœur »
Le maire a rappelé ce lundi auprès du quotidien francilien qu’il contestait « toute faute légale » de la part de son adjointe, assurant qu’elle avait agi « par grande générosité, par grand cœur », ce qui avait permis à cette famille « d’éviter les dangers de la rue ».
Un baromètre publié le 28 août par Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) révèle que plus de 2000 enfants, dont 503 âgés de moins de trois ans, ont dormi dans la rue en France dans la nuit du 18 au 19 août, faute de places d’hébergement d’urgence. Les associations s’alarment d’une hausse de 8,4 % par rapport à la dernière rentrée et de 33,5 % depuis 2022, qualifiant la situation d’« extrêmement inquiétante ».