Logo Epoch Times

Recommandation

Shen Yun

Rencontrez les artistes que le PCC ne peut réduire au silence

Hungwei Sun a fui deux fois le régime communiste chinois. Aujourd’hui, aux États‑Unis, ce régime tente encore de le réduire au silence.

top-article-image

Une danse de Shen Yun Performing Arts interprétée par un ensemble entièrement masculin.

Photo: Shen Yun Performing Arts

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 18 Min.

Né à l’époque de la politique de l’enfant unique du Parti communiste chinois (PCC), sa mère a refusé de le sacrifier. Puis, lorsque la famille a été persécutée pour sa foi, elle l’a envoyé en lieu sûr, au prix de son enfance passée loin d’elle.
Aujourd’hui, Hungwei demeure l’une des principales cibles du PCC, pour des raisons tout à fait différentes.
Il est danseur principal au sein de Shen Yun Performing Arts, la première compagnie de danse classique chinoise au monde, basée à New York. Animés par la mission de « faire revivre 5.000 ans de civilisation chinoise », ces artistes dévoilent ce que le PCC s’acharne à effacer et le partagent chaque année avec près d’un million de spectateurs à travers le monde.

Répression du PCC

Lorsque Yuanzhu Zhu est tombée enceinte pour la deuxième fois, elle s’est d’abord tournée vers Dieu. Dans un temple, elle a reçu le message que cet enfant était béni, ce qui a renforcé sa détermination à protéger la vie de son second fils.
En 1979, le PCC avait instauré une politique de planification des naissances dite de « l’enfant unique », assortie de sanctions féroces pour les contrevenants.
Cela signifiait qu’en 1995, Mme Zhu aurait été contrainte d’avorter si sa seconde grossesse avait été découverte. Mais comme son beau‑père vivait à Taïwan, la famille a demandé l’autorisation de quitter le pays officiellement pour « rendre visite à des proches » et a pu se rendre à Taïwan. Là, Mme Zhu a donné naissance à Hungwei, qui a obtenu la nationalité taïwanaise. Quelques mois plus tard, la famille est retournée en Chine.

Une fresque de propagande à Guangdong, en Chine, faisant la promotion de la politique de l’enfant unique. Le texte dit : « La planification des naissances est la responsabilité de chacun. » (Clpro2/CC BY‑SA 3.0)

En mai 1999, Mme Zhu a emmené Hungwei, alors âgé de 4 ans, à un séminaire sur le Falun Gong, où les participants écoutaient un enregistrement d’une conférence donnée par son fondateur, M. Li Hongzhi. Le Falun Gong, également appelé Falun Dafa, enseigne trois principes – vérité, compassion et tolérance – et a connu un large succès après son introduction au grand public en Chine dans les années 1990.
Mais quelques mois à peine après que Mme Zhu a commencé à pratiquer, le PCC a interdit le Falun Gong et lancé, le 20 juillet 1999, une violente campagne de persécution.
Hungwei était trop jeune pour comprendre ce qu’était le Falun Gong ou en quoi consistait la persécution. Mais il se souvient de cette nuit de 2002 où son père a conduit ses deux fils dans une chambre à l’étage, a fermé la porte et leur a demandé de ne sortir sous aucun prétexte.
La police était venue arrêter Mme Zhu pour sa pratique du Falun Gong. Elle sera plus tard condamnée à sept ans de prison pour avoir refusé de renier sa foi. Lorsque le père d’Hungwei a rouvert la porte pour faire face à ses fils, leur mère avait déjà été emmenée.
Une chape de tristesse est tombée sur cette famille jusque‑là heureuse. Hungwei se souvient de la détresse de son père, désormais seul à élever deux garçons, des remarques malveillantes des voisins, et du fait que la propagande diffamant le Falun Gong était même enseignée dans ses cours à l’école primaire.
L’enfant autrefois joueur et plein de vie n’osait plus lever la tête, se demandant pourquoi tout cela arrivait à sa famille et pourquoi sa mère, qui était une bonne personne, avait été arrêtée.
Il la voyait lors des visites annuelles, lui disait combien elle lui manquait, et elle lui promettait toujours qu’elle rentrerait bientôt, mais sept années s’écouleront avant sa libération. Mme Zhu aurait pu être relâchée plus tôt si elle avait renoncé au Falun Gong et à ses principes de vérité, compassion et tolérance. Elle estimait que ce n’était pas la chose à faire.
En 2009, à l’issue de sa peine, Mme Zhu a été libérée, mais explique que le harcèlement des autorités chinoises a perduré. Du jour au lendemain, la famille a été informée que, Hungwei étant citoyen taïwanais, il n’était plus autorisé à fréquenter l’école. La question de sa nationalité n’avait jamais posé problème auparavant, et cette exclusion est intervenue parallèlement aux pressions incessantes pour qu’elle renonce à sa foi.
À cette époque, le grand‑père d’Hungwei à Taïwan était décédé, si bien que la famille n’y avait plus de proches. Mme Zhu était toutefois convaincue que la meilleure chance pour son fils de recevoir une éducation et de construire un avenir à l’abri du PCC serait de partir pour Taïwan.
Avec son passeport taïwanais, Hungwei pouvait voyager sans difficulté. Mme Zhu, en revanche, faisait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire en raison de sa détention pour avoir refusé de renier le Falun Gong. Décider d’envoyer seul Hungwei à Taïwan relevait du saut dans l’inconnu et constituait l’une des décisions les plus difficiles que la famille ait eu à prendre. L’entourage de Mme Zhu, des proches aux voisins, la critiquait ouvertement.
« C’était déchirant », confie Mme Zhu à Epoch Times. « Et Hungwei [Sun] s’est montré si compréhensif. »
« En réalité, il ne cessait d’essayer de me rassurer (…) mais, les deux jours précédant le voyage, il était rongé par l’angoisse et n’arrivait même plus à manger », raconte‑t‑elle.
« Il m’a demandé : “Est‑ce que je te reverrai un jour ?” Chaque fois que j’y repense, la douleur est aussi vive qu’au premier jour, j’en ai les larmes aux yeux, poursuit Mme Zhu avec émotion. Je lui ai répondu : “Oui, nous nous reverrons très bientôt à Taïwan” (…) alors que nous n’avions aucune idée de la possibilité réelle de partir et de nous revoir. »
À peine six mois après les retrouvailles de la mère et du fils, ils allaient de nouveau être séparés. Bien qu’Hungwei soit né à Taïwan, il n’en gardait aucun souvenir, et il allait prendre l’avion pour la première fois, seul, vers un pays qu’il ne connaissait pas, pour vivre chez un lointain ami de la famille qu’il n’avait jamais rencontré – un autre pratiquant de Falun Gong, qui le traitera comme son propre fils.

Se découvrir une mission et un foyer

En 2010, Hungwei a assisté pour la première fois à un spectacle de Shen Yun.
« Je me souviens qu’après la représentation, j’étais émerveillé. Je voulais participer à cette mission », confie‑t‑il à Epoch Times. Il dit ne plus se souvenir précisément de ce qui l’a tant ému, mais, en plus de redonner vie sur scène à cinq millénaires de civilisation chinoise, les programmes de Shen Yun comportent aussi un tableau narratif mettant en scène des pratiquants de Falun Gong en Chine qui gardent foi en leurs convictions face à la persécution du PCC.
La persécution du Falun Gong qui, enfant, l’empêchait de seulement lever la tête, était désormais portée fièrement sur scène par ces artistes, ce qui l’a profondément inspiré.
À l’époque, Hungwei n’avait jamais envisagé de faire carrière dans la danse. Mais lorsque la famille qui l’hébergeait l’a encouragé à essayer et à rejoindre un studio local de danse classique chinoise, il s’est dit : pourquoi pas ? Il y a découvert que la danse classique chinoise exige des danseurs une expression masculine, forte et vaillante.
Toujours sportif, Hungwei a été admis, après moins d’un an de pratique, à la Fei Tian Academy of the Arts de New York, une école affiliée à Shen Yun.
« Venir en Amérique a été un tournant majeur », explique‑t‑il. Reconnaissant envers les pratiquants de Falun Gong qui l’ont accueilli à Taïwan et envers la famille qui l’a élevé comme son propre enfant, il dit avoir trouvé, en rejoignant Fei Tian puis Shen Yun, un esprit de camaraderie qui, pour la première fois, lui a « donné le sentiment d’être chez lui ».
Il y voit l’exact inverse de son expérience en Chine, où l’on colportait des commérages sur « l’enfant sans mère » parce que Mme Zhu refusait d’abandonner le Falun Gong.
« Ici, tout le monde souhaite sincèrement votre réussite, explique‑t‑il. Avec le recul, je me rends compte d’à quel point j’ai changé sans savoir quand cela s’est produit ; je suis devenu plus ouvert, plus heureux. »
Mme Zhu a immédiatement perçu combien son fils avait changé au cours des cinq années écoulées depuis leur séparation. En 2014, l’interdiction de sortie du territoire la visant a expiré et la famille a pu venir aux États‑Unis. Elle a repéré Hungwei dès qu’il est descendu de la voiture. Ce n’est pas seulement qu’il était devenu grand et beau, raconte‑t‑elle : il se tenait désormais avec une dignité que le nuage de la persécution religieuse orchestrée par le PCC avait tenté d’écraser.
Mme Zhu ajoute que le parcours de danseur d’Hungwei a peut‑être pu le surprendre, mais qu’elle se souvient de lui, enfant, déjà très à l’aise dans la performance, lui demandant de le regarder lorsqu’il répétait un exploit athlétique ou une figure vue plus tôt dans la journée.
Lorsqu’elle l’a vu sur scène pour la première fois, « j’ai été impressionnée de le voir danser aussi bien – et si reconnaissante », confie Mme Zhu. « Le Falun Gong lui a apporté tellement de choses, comme il le dit lui‑même : une mission, un but. Il est devenu la voix de ceux qui ne peuvent s’exprimer, utilisant la danse pour dire la vérité au monde. »

Des spectateurs assistent à un spectacle de Shen Yun Performing Arts au Lincoln Center, à New York, le 14 janvier 2016. (Larry Dye/Epoch Times)

La Chine d’avant le communisme

Hungwei tourne désormais avec Shen Yun depuis treize ans et explique qu’il a, au fil du temps, approfondi sa compréhension de la foi, de l’art et de la culture traditionnelle. L’esthétique de Shen Yun privilégie la lumière et la beauté, avec des choix artistiques qui mettent en avant la compassion, la beauté et la dignité humaine.
« Nous voulons offrir au public quelque chose d’empli de compassion et de beauté », explique‑t‑il. « Nous voulons restaurer la culture traditionnelle. » Il ajoute : « Bien sûr, il y a des difficultés, et elles sont nombreuses, mais sachant ce que j’ai déjà surmonté, je me sens capable d’y faire face. La pression existe, mais le sens que je trouve dans ce que je fais en fait non pas un fardeau, mais un honneur, une source de gratitude. »
« J’ai moi‑même vécu la persécution et cet environnement en Chine », poursuit Hungwei, « et cela renforce encore ma détermination à parler pour ceux qui subissent ce que ma mère a enduré. »
Les membres de Shen Yun pratiquent le Falun Gong, et nombre d’entre eux, ou de leurs proches, ont subi la persécution du PCC.
« Le PCC a persécuté le Falun Gong, mais aussi le peuple chinois dans son ensemble », affirme Hungwei, « évoquant des décennies de terreur sous le régime communiste et les mensonges qu’il a inculqués à la population à propos du Falun Gong et d’autres sujets. Nous voulons aussi dévoiler cette persécution que le PCC poursuit. »
Une année, Hungwei a été distribué dans le rôle d’un pratiquant de Falun Gong en Chine, persécuté par le PCC, dans une pièce évoquant la pratique, par le régime, du prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers d’opinion.
« En Chine, chacun sait que cela se produit à grande échelle », explique‑t‑il. « Mais à l’extérieur du pays, les gens ignorent parfois l’ampleur de cette persécution. »
« J’ai été honoré de donner vie à cette histoire, de dire la vérité sur la situation », ajoute‑t‑il.
Les artistes de Shen Yun le font au péril de leur sécurité. Shen Yun présente « la Chine d’avant le communisme » à travers un spectacle de deux heures mêlant musique et danse, précisément ce que le PCC tente d’éradiquer depuis son arrivée au pouvoir.
Au fil des ans, Epoch Times, d’autres médias et des organisations de défense des droits de l’homme ont documenté les efforts constants du PCC pour empêcher Shen Yun de se produire : pressions diplomatiques sur les théâtres et les gouvernements, recours à des intermédiaires pour organiser des manifestations et harceler le public, ou encore menaces visant les proches des artistes restés en Chine.
La saison dernière, des salles de spectacle du monde entier ont signalé une nette intensification du harcèlement lié à l’accueil de Shen Yun, rapportent plusieurs membres de la compagnie, qui évoquent leurs échanges avec le personnel des théâtres. En particulier, ces derniers reçoivent de façon répétée des messages de menace, comme la fausse alerte à la bombe qui a entraîné l’évacuation et la fouille complète de l’Opéra du Kennedy Center plus tôt cette année.
Hungwei estime que ces menaces doivent être condamnées au plus haut niveau. Si elles n’ont pas empêché la tenue des représentations, leurs auteurs se contentent de l’effort minimal d’un message, tandis que les théâtres et les forces de l’ordre doivent déployer des moyens de sécurité considérables. C’est, selon lui, un véritable scandale.
Hungwei et nombre de ses collègues de Shen Yun nourrissent l’espoir de pouvoir un jour se produire en Chine.
« En réalité, la plupart d’entre nous viennent de Chine, parfois à deux ou trois générations près, et beaucoup ont vécu la persécution de plein fouet. Bien sûr que nous voulons y retourner – cela reste notre patrie, et nous voulons porter la vérité au peuple chinois », explique‑t‑il. « Nous souhaitons ardemment que Shen Yun puisse un jour se produire en Chine. »

Le danseur de Shen Yun Hungwei Sun participe à un défilé de pratiquants de Falun Gong à New York le 20 juillet 2025, appelant à mettre fin aux 26 années de persécution du Falun Gong par le Parti communiste chinois. (Benny Zhang/Epoch Times)

Quels sujets liés aux arts et à la culture souhaiteriez‑vous voir abordés ? Vous pouvez envoyer vos idées ou remarques à l’adresse : features@epochtimes.nyc