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Opinion

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Pourquoi je ne prends plus de bonnes résolutions pour la nouvelle année

J’ai toujours été une observatrice de la nature. C’est une part essentielle de mon travail d’agricultrice, mais aussi de ma manière de comprendre le monde.

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Une fillette admire les décorations de Noël dans les grands magasins GUM, sur la place Rouge à Moscou, le 1er décembre 2025.

Photo: Alexander Nemenov/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

En écrivant mon livre Debunked by Nature (Dévoilé par la nature), un thème revenait sans cesse. Dieu a tissé de la sagesse dans le monde naturel. Ses motifs, ses rythmes et son ordre sont visibles lorsque nous y prêtons attention. La nature n’est pas aléatoire ; elle est stable et intentionnelle. Plus je passe de temps à travailler la terre, plus je vois à quel point nous sommes faits pour apprendre d’elle.

Cette perspective m’a poussée à remettre en question certaines habitudes culturelles que nous jugeons inquestionnables. Parmi elles, les résolutions du Nouvel An. Chaque année, les gens commencent le mois de janvier avec des régimes stricts, de nouvelles routines sportives et de longues listes d’objectifs personnels. Nous partons du principe que le 1er janvier marque le début d’un nouveau soi et d’une nouvelle vie.

Mais lorsque j’observe la nature, rien dans ce calendrier n’a de sens.

Lorsqu’une nouvelle année commence, nous ne sommes qu’à 11 jours du début de l’hiver. L’hiver n’est pas une période d’efforts ni d’édification. C’est une saison de ralentissement. C’est le temps de l’intériorité, de la quiétude et de la chaleur. Les animaux hibernent ou réduisent leur activité. Les arbres préservent leur énergie et demeurent nus et silencieux. Les graines ne germent pas et ne poussent pas. Elles reposent, invisibles, sous la terre. Le monde entier semble retenir son souffle dans le froid et l’obscurité.

Pourtant, c’est précisément à ce moment que la société attend de nous l’inverse. Nous tentons de forcer la croissance durant une saison conçue pour le repos. À travers le prisme de la nature, le calendrier des résolutions du Nouvel An apparaît soudain déconnecté du dessein même que Dieu a inscrit dans la création.

Si nous suivions la nature plutôt que le calendrier, notre élan commencerait au printemps. Le printemps est la saison où tout s’éveille. Le monde se réchauffe. Les jours s’allongent. Le corps commence à se délester de l’isolant et de la lourdeur qui avaient leur raison d’être durant l’hiver. L’énergie redevient disponible, et la motivation paraît naturelle plutôt que forcée. La vie se met à aller vers le haut, vers l’extérieur, vers l’avant.

Même notre langue confirme cette vérité. Le mot anglais spring, pour désigner la saison du printemps, vient directement de l’idée de jaillir de la terre. Bien avant que ce mot n’existe sous sa forme actuelle, la saison s’appelait lencten en vieil anglais. Lencten signifiait « l’allongement des jours » et a donné le mot Lent, c’est-à-dire le Carême.

Dans les premiers temps, spring ne désignait pas la saison. Il renvoyait à l’action de surgir soudainement, ou au lieu où l’eau jaillissait de la terre. Aux alentours des années 1400 et 1500, on a commencé à utiliser spring pour nommer la saison, car c’était le moment où les plantes émergeaient du sol, où les nappes phréatiques regagnaient en force après l’hiver, et où le soleil semblait monter plus haut dans le ciel à mesure que la lumière se rallongeait. La saison était souvent décrite comme « le temps du jaillissement », expression qui s’est finalement réduite au simple mot spring.

La racine du mot remonte encore plus loin au verbe proto-germanique springaną, qui signifiait éclater, croître rapidement, bondir ou sauter. Cette racine irrigue encore de nombreux termes d’aujourd’hui, comme spring forward, les ressorts métalliques qui rebondissent, sprout (germe), et sprung (jailli).

Ainsi, non seulement la création exprime la renaissance au printemps, mais la langue elle-même atteste qu’il s’agit de la saison du relèvement, du commencement et de l’accomplissement. Le printemps s’appelait autrefois lent ou lencten, la saison de la lumière qui s’allonge. Avec le temps, le sens a évolué, mais la vérité qu’il portait est restée intacte. Le renouveau appartient au printemps.

Avoir grandi à Ithaca, dans l’État de New York, m’a appris une autre dimension. L’hiver y dure souvent, avec de longues périodes de ciel gris, de froid humide et de tombée précoce de la nuit. La dépression saisonnière était courante chez les personnes que je connaissais. Une moindre exposition au soleil signifiait une baisse d’humeur et d’énergie. Bien que je n’aie jamais ressenti moi-même cette lourdeur, je l’ai vue peser sur ceux que j’aimais. Avec cela en tête, il semble d’autant plus étrange que nous attendions de nous de bouleverser nos vies au moment le plus sombre et le plus introspectif de l’année.

Cette année donc, je ne prendrai pas de résolutions pour le Nouvel An. J’honorerai l’hiver. Je me reposerai au coin du feu, lirai des histoires avec mes enfants, m’envelopperai de chaleur, et laisserai la quiétude accomplir son œuvre lente et paisible. Je réfléchirai, je prierai, et je laisserai la saison être ce pour quoi elle a été créée.

Mes engagements viendront avec le Carême, ce qui me paraît merveilleusement approprié maintenant que je sais que le Carême fut jadis le nom même du printemps. Le Carême arrive à la lisière de l’hiver, quand le monde commence à se préparer à se relever. Il offre une fenêtre sacrée pour expérimenter un nouvel engagement assez longtemps pour en sentir le poids, mais suffisamment brève pour discerner s’il peut s’accorder au rythme de la vie sur la durée. Chaque année, je renonce au café pour le Carême. L’an passé, je n’ai bu que du lait cru et n’ai mangé aucun aliment solide. Je ne sais pas encore ce que cette année me demandera, mais je fais confiance à la clarté qui viendra lorsque j’entrerai dans cette saison, car elle semble alignée plutôt que forcée.

Je suis convaincue que lorsque nous reflétons la nature, nous trouvons davantage de paix dans nos choix et plus de facilité dans notre croissance. Dieu a conçu le monde avec intention et harmonie. Plus nous nous alignons sur ce dessein, plus nous faisons l’expérience de la grâce.

Alors voici un hiver de repos, de réflexion, de chaleur et de silence. Et lorsque la terre s’éveillera, lorsque le printemps s’élèvera avec sa lumière, son énergie et sa vie nouvelle, ce sera alors que nous nous élèverons avec lui.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Mollie Engelhart, agricultrice et éleveuse, est engagée dans la souveraineté alimentaire, la régénération des sols et l\'éducation à l\'agriculture familiale et à l\'autosuffisance.

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