Sécurité des femmes
Violences dans les transports : un plan national pour protéger les femmes
Prendre le métro sans crainte : un objectif qui reste encore à atteindre pour des milliers de femmes. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. D'après l'Observatoire de la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof), les femmes constituent 91% des victimes d'agressions sexuelles dans les transports publics. Insultes, harcèlement, attouchements : la liste des violences subies est longue.

La ministre déléguée chargée de l'Égalité, Aurore Bergé, lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 décembre 2025.
Photo: Bertrand GUAY / AFP via Getty Images
En 2024, les services de police et de gendarmerie ont recensé 3 374 victimes de violences sexuelles dans les transports en commun à l’échelle nationale, soit une hausse de 6% par rapport à 2023 et de 86% comparé à 2016. En Île-de-France, où dix millions de personnes empruntent quotidiennement les transports, une enquête de la RATP révèle que sept femmes sur dix ont été victimes de ce type de violences au cours de leur vie.
Un plan national attendu pour début 2026
Face à cette réalité alarmante, le gouvernement a annoncé mardi la finalisation d’un plan national de prévention pour le premier trimestre 2026. « Une société digne de ce nom (…) protège les femmes dans l’espace public », a déclaré Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité femmes-hommes, lors d’une journée de mobilisation organisée au Conseil régional d’Île-de-France.
Élaboré en collaboration avec les opérateurs de transport, les régions et les associations, ce plan comprend plusieurs axes d’intervention majeurs.
Des boutons d’alerte et une coordination renforcée
Parmi les mesures phares figure le déploiement d’un « système d’alerte unifié » avec un « bouton d’appel rapide dans les applications », comme l’a expliqué la ministre. Ce dispositif, déjà testé dans les métropoles d’Orléans et de Montpellier depuis quelques semaines, vise à faciliter le signalement immédiat des agressions.
Le plan prévoit également la création d’un « canal unique de transmission d’information entre opérateurs et forces de l’ordre » pour améliorer la réactivité des interventions. À Paris et en région parisienne, le numéro d’urgence 3117 (ou SMS au 31177) est déjà promu par la RATP et la SNCF pour signaler le harcèlement.
Former les agents et féminiser les métiers
La formation constitue un autre pilier essentiel du dispositif. « Chaque agent en contact avec le public (…) sera formé à reconnaître, comprendre, accompagner les victimes », a promis Aurore Bergé. La ministre souhaite également « accélérer la féminisation des métiers du transport » car « chaque femme agente, conductrice, cheffe de ligne, directrice sûreté est un repère ».
L’Île-de-France renforce ses moyens
De son côté, la région Île-de-France a annoncé des mesures complémentaires. « Dans les transports, ce ne sont pas les femmes qui doivent raser les murs », a rappelé la présidente Valérie Pécresse (LR). « Ce sont les agresseurs qui doivent savoir qu’ils seront surveillés, signalés, interpellés et condamnés. »
La présence humaine sera intensifiée sur le réseau francilien avec un doublement des effectifs de la brigade de sûreté dédiée, qui passera à 200 agents. Le nombre de journées de présence de réservistes de la police augmentera de 60% pour atteindre 10 000.
Valérie Pécresse défend aussi l’utilisation de la « vidéoprotection intelligente » pour « détecter les actes de violences en temps réel », sans reconnaissance faciale. Cette technologie, expérimentée lors des Jeux olympiques jusqu’au 31 mars 2025, pourrait être autorisée par une proposition de loi.
Des expérimentations prometteuses
La région poursuit différentes expérimentations, notamment les « zones d’attente partagées » : des espaces signalés sur les quais, situés près d’une borne d’appel, incitant les voyageurs à ne pas s’isoler.
Non aux wagons réservés aux femmes
Suite à la tentative de viol d’une jeune Brésilienne dans le RER C le 16 octobre, une pétition signée par 32 000 personnes a réclamé la création de wagons réservés aux femmes. Une proposition rejetée par Valérie Pécresse et Aurore Bergé. « C’est instaurer une forme de ségrégation », a estimé la ministre, qualifiant cette solution de « capitulation ».
Avec AFP

Articles actuels de l’auteur









