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Affaire Nestadio : Florent de Kersauson maintient son appel malgré une condamnation confirmée

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Le conseiller régional RN de Bretagne, Florent de Kersauson, a réaffirmé jeudi 11 septembre sa détermination à faire appel de sa récente condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Lorient.

Photo: SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le conseiller régional RN de Bretagne, Florent de Kersauson, a réaffirmé jeudi 11 septembre sa détermination à faire appel de sa récente condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Lorient. L’élu de 75 ans a été condamné mercredi 10 septembre à deux ans de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité et 50 000 euros d’amende pour une série d’infractions financières commises dans le cadre de la gestion de son fonds d’investissement Nestadio Capital.
« On va renforcer notre défense et laisser le soin à la cour d’appel de trancher », a-t-il déclaré à l’AFP, refusant de commenter davantage le jugement rendu la veille. Cette décision marque une nouvelle étape dans un feuilleton judiciaire qui s’étend désormais sur plusieurs années et fragilise encore davantage la position de cette figure locale du Rassemblement national.

Un parcours judiciaire déjà chargé

Cette condamnation s’inscrit dans un contexte judiciaire particulièrement lourd pour Florent de Kersauson, qui cumule désormais plusieurs procédures. En février 2024, la cour d’appel de Rennes avait déjà confirmé une première condamnation de l’homme d’affaires pour des délits financiers distincts, assortie d’une amende de 50 000 euros et d’une interdiction de gérer une entreprise pendant cinq ans.
Plus récemment, en décembre 2024, le conseiller régional a également écopé de trois mois de prison avec sursis pour conduite sans permis, une affaire pour laquelle il ne s’était pas présenté à l’audience. Ces multiples condamnations dessinent le portrait d’un élu confronté à de sérieuses difficultés avec la justice.

L’affaire Nestadio au cœur des accusations

Au centre du dernier jugement rendu par le tribunal de Lorient se trouve la gestion controversée de Nestadio Capital, société de gestion de fonds d’investissement que dirigeait Florent de Kersauson entre 2016 et 2020. Le tribunal l’a reconnu coupable de cinq infractions : abus de confiance, faux et usage de faux, ainsi que d’autres délits financiers liés à l’utilisation illégale des fonds pour renflouer une société en cessation de paiements.
Le préjudice, évalué à plusieurs centaines de milliers d’euros par l’accusation, a conduit le tribunal à condamner l’élu à indemniser les victimes à hauteur de 229 000 euros. Lors de l’audience de juin dernier, Florent de Kersauson avait minimisé les faits, parlant d’une « grosse bêtise » tout en niant tout enrichissement personnel.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) n’était d’ailleurs pas restée inactive dans cette affaire. Dès septembre 2020, elle avait infligé une sanction de 100 000 euros à Florent de Kersauson pour manquements à ses obligations professionnelles, assortie d’une interdiction d’exercer la profession de gérant pendant une durée déterminée. En janvier 2022, l’AMF avait annoncé la mise en liquidation de Nestadio Capital, marquant la fin officielle de cette structure au cœur des accusations.

Un poids lourd local du RN fragilisé

Frère du célèbre navigateur Olivier de Kersauson et proche de la famille Le Pen, Florent de Kersauson occupe une position importante au sein du Rassemblement national en Bretagne. Lors des élections régionales de juin 2021, il menait la liste RN dans le Morbihan et avait obtenu un score de 16,57% des suffrages au second tour, confirmant son ancrage électoral dans le département.
Cette implantation locale s’était encore renforcée lors des législatives de juillet 2024, où il avait recueilli plus de 30% des voix au premier tour dans la 2e circonscription du Morbihan. Malgré cette performance encourageante, il s’était finalement incliné face au candidat de la majorité présidentielle, obtenant 34,5% des suffrages au second tour.

Des conséquences politiques majeures

La peine d’inéligibilité de cinq ans prononcée mercredi représente un coup dur pour les ambitions politiques de Florent de Kersauson et pour le RN breton. Cette sanction, si elle était confirmée en appel, l’empêcherait de se présenter à toute élection jusqu’en 2030, privant le parti de Marine Le Pen d’une de ses figures locales les plus établies dans la région.
Toutefois, la procédure d’appel suspend temporairement l’application de cette peine d’inéligibilité. Florent de Kersauson peut donc théoriquement conserver ses fonctions de conseiller régional le temps que la justice rende sa décision définitive. Cette situation d’incertitude prolongée questionne néanmoins la capacité du RN à maintenir sa crédibilité locale alors que les questions de probité des élus occupent une place croissante dans le débat public.
L’affaire Florent de Kersauson s’inscrit dans un contexte plus large de difficultés judiciaires touchant plusieurs cadres du Rassemblement national. Elle illustre les défis auxquels fait face le parti de Marine Le Pen pour incarner le renouveau politique qu’il promeut tout en gérant les casseroles judiciaires de certains de ses élus historiques.
La cour d’appel devra désormais statuer sur ce dossier complexe, dans un délai qui pourrait s’étendre sur plusieurs mois, voire davantage compte tenu de l’engorgement des juridictions. En attendant, Florent de Kersauson demeure conseiller régional, mais sous la menace permanente d’une confirmation de sa condamnation qui signerait la fin, au moins temporaire, de sa carrière politique.