Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu : un gestionnaire de crise expérimenté

Le nouveau Premier ministre français et ancien ministre des Forces armées, Sébastien Lecornu (à g.), est accueilli par le Premier ministre sortant, François Bayrou, lors de la cérémonie de passation de pouvoir à l'Hôtel Matignon, à Paris, le 10 septembre 2025.
Photo: Ludovic MARIN / AFP via Getty Images
Gestion de crise
Sébastien Lecornu a la réputation d’être un excellent gestionnaire de conflits. Et c’est exactement ce dont le président Macron a besoin. Cette fois-ci, il n’a fallu que 24 heures au président pour nommer un nouveau Premier ministre. Cette précipitation s’explique sans doute par les manifestations nationales annoncées à partir du 10 septembre.
Emmanuel Macron craint probablement que ces événements ne dégénèrent en une vague de protestations plus importante, similaire au mouvement des Gilets jaunes. À l’époque, c’est Lecornu qui avait organisé d’interminables cycles de discussions avec M. Macron à travers le pays pour apaiser la colère des déçus et des défavorisés. Il était donc logique de nommer à la tête du gouvernement une personne expérimentée dans ce genre de situations.
Loyal et discret
M. Lecornu était déjà favori pour le poste lors du précédent changement de gouvernement. Comme M. Macron, il a accédé à de hautes fonctions gouvernementales très jeune. Il est à la fois discret et loyal. Macron n’a donc aucune raison de craindre d’être éclipsé par lui pour le moment. À 39 ans, Sébastien Lecornu a commencé sa carrière politique à 19 ans au sein du parti conservateur UMP, dont sont issus les Républicains. Depuis, il a occupé de nombreux postes et a plusieurs fois battu des records en tant que plus jeune titulaire de fonctions.
M. Lecornu a été maire, sénateur, a occupé trois postes ministériels et est membre du gouvernement depuis huit ans. Il est l’un des plus fidèles alliés d’Emmanuel Macron et a déjà accompli de nombreuses missions délicates pour lui. Parmi ses premiers dossiers figurait la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, près de la frontière allemande. Ensuite, il s’est distingué par les débats qui ont permis de contenir les protestations des Gilets jaunes en 2019.
Le plus jeune ministre de la Défense de France
En 2022, il a été l’une des figures clés de la campagne de réélection d’Emmanuel Macron pour son second mandat. À 35 ans, il est devenu le plus jeune ministre de la Défense de France depuis la Révolution française.
En raison de la guerre en Ukraine et des efforts du président pour renforcer la défense européenne, son ministère a gagné en importance, et il a également acquis une stature internationale. Il a notamment rapidement trouvé un terrain d’entente avec son homologue allemand Boris Pistorius.
Tous deux se sont efforcés de relancer les travaux sur les projets communs d’armement, qui avaient pris du retard en raison de différends entre les entreprises concernées. En juillet, Pistorius l’a invité dans sa ville natale d’Osnabrück et a visité avec lui une usine de l’entreprise d’armement Rheinmetall, qui participe au développement du char de combat franco-allemand MGCS.
Un homme de consensus
Sébastien Lecornu compte de nombreux amis dans son propre camp, mais il entretient également des contacts avec l’opposition. Il a été vivement critiqué par la gauche pour ses déjeuners avec Marine Le Pen.
Sa mission la plus importante : le budget 2026
On sait peu de choses sur sa vie privée. Il est réserviste dans la gendarmerie et célibataire.
À 39 ans, Lecornu n’est pas le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire. Sa tâche la plus importante consiste désormais à faire adopter le budget de l’année prochaine par le Parlement. Pour cela, il dépend du soutien des socialistes, qui risquent de se montrer exigeants.
Comme M. Lecornu – contrairement à M. Bayrou – entretient de bonnes relations avec Emmanuel Macron, il pourrait compter sur l’accord du président.
Compte tenu de la situation économique du pays et de la forte opposition de la gauche et de la population aux plans d’austérité du gouvernement, son succès est loin d’être assuré.
Avec afp/red





