Opinion
Le miracle d’un repas pris dans un aéroport
Je suis assise dans l’aéroport de Charlotte en train de manger des sushis. Pas dans un restaurant gastronomique ni dans une adresse prisée des fins gourmets — simplement à un comptoir circulaire au cœur d’un terminal animé, où les voyageurs embarquent, réajustent leurs sacs à dos, consultent leurs e-mails et font défiler leurs écrans. À première vue, rien dans cet instant n’a quoi que ce soit de remarquable.

Un avion en provenance d’Anchorage, en Alaska, passe devant la super-lune alors qu’il approche de l’aéroport international Louisville Muhammad Ali, à Louisville (Kentucky), le 5 novembre 2025. (Jon Cherry/AP Photo)
Mais plus je reste là et plus j’observe, plus l’ordinaire prend des allures d’extraordinaire.
Il y a quatre types de poisson dans mon rouleau de sushi. Cela signifie quatre opérations de pêche différentes, peut-être dans plusieurs pays, employant des équipages distincts, des bateaux, des systèmes de manutention, des inspecteurs, des transformateurs et des distributeurs — tout cela avant même que ce poisson n’arrive dans cet aéroport.
Le riz raconte sa propre histoire : choix des semences, agriculteurs, irrigation, récolte, décorticage, conditionnement, transport. L’avocat vient probablement du Mexique ou de Californie. Le gingembre a été cultivé, épluché, transformé et distribué quelque part dans le monde. Même la petite noisette vert pâle censée évoquer du « wasabi » trouve son origine dans quelqu’un ayant planté et récolté du raifort avant qu’il ne soit teinté et conditionné pour imiter une saveur que la plupart des Américains n’ont en réalité jamais goûtée.
L’algue a été récoltée dans l’océan. La sauce soja provient de fèves cultivées par un agriculteur dont je ne connaîtrai jamais le nom. La serviette, le petit gobelet en plastique, le fourreau en papier entourant les baguettes — chacun de ces objets a nécessité des matières premières, des usines, des systèmes de transport et des mains humaines.
Et l’environnement autour de ce repas ajoute encore une couche d’émerveillement. Un homme, tout près, joue de la musique en direct pour des voyageurs qu’il ne reverra jamais. De grands ficus vivants s’élèvent au-dessus de nous, installés dans des structures vitrées conçues pour les maintenir en vie à l’intérieur. De larges fauteuils à bascule en bois bordent d’immenses baies vitrées, où des passagers dégustent un café en observant des avions — gigantesques pièces de métal ingénieusement assemblées — qui s’élèvent tranquillement dans le ciel.
Derrière le comptoir, un serveur, deux maîtres sushi et un hôte se meuvent avec une précision chorégraphiée. Ils s’appuient sur de l’équipement en acier inoxydable, de la réfrigération, des systèmes de sécurité alimentaire, des gants, des planches à découper, des produits d’entretien — tout cela ayant dû être imaginé, fabriqué, transporté et entretenu.
Tout cela pour que je puisse déjeuner pendant une correspondance.
Il y a des années, j’ai vécu un moment qui m’a aidée à percevoir les choses ainsi. En 2015, je servais des plats depuis mon food truck dans la zone VIP de Coachella. L’une de nos spécialités les plus prisées était des nachos réalisés à partir de chips biologiques faites maison, que nous préparions à partir de tortillas frites sur place. Une jeune femme en commande, puis, découvrant le prix, se rétracte.
« Seize dollars ? Pour des nachos ? C’est insensé. »
Je n’ai pas répliqué. J’ai simplement souhaité qu’elle puisse voir ce qu’elle tenait entre ses mains.
Alors, je lui ai expliqué. Le maïs était cultivé biologiquement au Mexique, transporté à Los Angeles, pressé en tortillas, puis découpé et frit dans notre cuisine. Le chou et les jalapeños étaient cultivés par Ana Ayala à Ventura, tranchés et préparés à la main. Les jalapeños étaient marinés maison. Les haricots noirs provenaient d’une lignée de semences remontant à l’Afrique. Le fromage végétalien était fabriqué à partir de noix de cajou ayant parcouru la moitié du globe. Les citrons verts avaient été coupés frais le matin même.
Tout cela amené au beau milieu du désert pour qu’elle puisse grignoter entre deux concerts.
Je lui ai dit doucement : « Vous n’êtes pas obligée de penser que cela vaut seize dollars. Je vous rembourse si vous préférez. Mais ce ne sont pas seulement des nachos. Ce sont un miracle d’agriculture, de logistique, de savoir-faire et de coopération humaine. »
Elle a marqué une pause. Quelque chose dans son expression s’est adouci. Elle a gardé les nachos.
La vérité, c’est que la plupart d’entre nous vivent dans une abondance qui aurait été inimaginable pour toutes les générations précédentes. Nous avons accès à des aliments venus de plusieurs continents un mardi comme les autres. Nous volons dans le ciel en dégustant des ingrédients récoltés par des personnes que nous ne rencontrerons jamais. Et quelque part en chemin, nous avons cessé d’y prêter attention.
Mais rien de tout cela n’a de raison de sembler normal.
C’est prodigieux.
C’est l’effort coordonné de milliers — peut-être des dizaines de milliers — de mains, de systèmes et d’esprits.
Un simple repas comme celui-ci n’est pas seulement une commodité : c’est la preuve de ce que les humains peuvent bâtir, créer et partager lorsqu’ils œuvrent ensemble.
C’est un miracle.
Et les miracles méritent d’être accueillis avec gratitude.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Articles actuels de l’auteur
09 décembre 2025
Le miracle d’un repas pris dans un aéroport
09 décembre 2025
Entre magie et vérité : repenser le mythe du père Noël









