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La commission TikTok presse pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans

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Photo: Oleksii Pydsosonnii/Epoch Times

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Durée de lecture: 5 Min.

Un rapport parlementaire dévoilé jeudi recommande d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux mineurs de moins de 15 ans et d’instaurer un « couvre-feu numérique » pour les 15-18 ans, afin de contenir l’emprise du « piège algorithmique » qui menace la santé mentale des plus jeunes.

Un rapport alarmant sur les dérives numériques

Cette mesure, déjà soutenue par l’Élysée, permettrait « de donner un signal à la fois aux enfants et aux parents qu’avant 15 ans, les réseaux sociaux, ce n’est pas anodin », explique à l’AFP Laure Miller (EPR), rapporteure de la commission d’enquête parlementaire.

Lancée en mars, cette commission a auditionné familles de victimes, responsables de plateformes et influenceurs afin de décrypter l’algorithme de TikTok, application prisée des adolescents dont le modèle a été « copié par d’autres réseaux sociaux », rappelle la députée. Elle avait été créée dans le sillage d’une assignation en justice déposée fin 2024 par un collectif de sept familles accusant TikTok d’avoir exposé leurs enfants à des contenus incitant au suicide.

Pour Arthur Delaporte (PS), président de la commission, « le constat est sans appel : TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs ». Le député a saisi la procureure de la République de Paris pour examiner de possibles « infractions de nature pénale », mais aussi des soupçons de « parjure » de la part des dirigeants du groupe. « La plateforme est au courant des dérives, que l’algorithme est problématique », insiste-t-il.

Des familles brisées face à l’algorithme

Derrière les recommandations politiques, le rapport est nourri de témoignages familiaux dramatiques. Géraldine, 52 ans, fait partie des plaignants. En février 2024, elle a perdu sa fille Pénélope, âgée de 18 ans. Après son décès, la mère a découvert des vidéos de scarification que l’adolescente regardait et diffusait sur TikTok.

« Ce n’est pas TikTok qui a tué notre fille, parce que de toute façon, elle n’allait pas bien », explique-t-elle à l’AFP. Mais la plateforme a « enfoncé » sa fille dans son mal-être. « C’est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça », ajoute-t-elle avec amertume.

TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, affirme pour sa part faire de la sécurité des jeunes « sa priorité absolue ». L’entreprise assure avoir retiré proactivement 98% des contenus contrevenant à ses règles en France l’an dernier grâce à une modération automatisée renforcée par l’intelligence artificielle. Les députés jugent toutefois ces efforts insuffisants. « Défaillants », tranchent-ils, dénonçant des mécanismes « faciles à contourner ».

Des mécanismes de modération jugés insuffisants

Selon les données de transparence de l’entreprise, le nombre de modérateurs francophones a chuté de 26% entre septembre 2023 et décembre 2024. Conséquence : les contenus nocifs continuent de proliférer, alimentés par des algorithmes qui enferment les adolescents dans des bulles délétères.

Perte d’attention, perturbations du sommeil, altération de l’estime de soi, pression esthétique : autant de conséquences listées par la commission, qui juge les adolescentes particulièrement vulnérables face aux standards de beauté irréalistes diffusés en ligne.

Pour tenter d’y répondre, le rapport recommande non seulement un blocage des réseaux avant 15 ans, mais aussi un « couvre-feu numérique » interdisant l’accès entre 22 heures et 8 heures pour les plus de 15 ans. Les députés proposent par ailleurs une campagne nationale de sensibilisation et la création d’un « délit de négligence numérique » visant « les parents irresponsables ».

Un débat entre santé publique et libertés individuelles

Au-delà du dispositif immédiat, le texte préconise une extension de l’interdiction jusqu’à 18 ans si, dans un délai de trois ans, les réseaux sociaux ne se conforment pas pleinement à leurs obligations en vertu du règlement européen sur les services numériques (DSA). Mais ces mesures ambitieuses se heurtent à plusieurs obstacles : la résistance des plateformes, les limites techniques du contrôle de l’âge à l’inscription, et le risque d’atteinte aux libertés individuelles.

Adoptée à l’été 2023, la loi française sur la majorité numérique exigeait déjà une autorisation parentale pour les moins de 15 ans souhaitant s’inscrire sur un réseau social. Restée lettre morte jusqu’à présent, son application demeure suspendue aux clarifications du droit européen.