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Donald Trump affirme qu’il participera à l’examen du rachat de Warner Bros. par Netflix
Des élus américains et plusieurs organisations professionnelles mettent en garde contre un projet qui, selon eux, concentrerait un pouvoir excessif entre les mains d’un seul acteur du divertissement.

Vue aérienne des studios de Netflix, avec le panneau Hollywood à l’arrière plan, à Los Angeles, en Californie, le 5 décembre 2025.
Photo: Mario Tama/Getty Images
Le président des États‑Unis, Donald Trump, a déclaré le 7 décembre qu’il prendrait part à la décision visant à déterminer si le projet de rachat de Warner Bros. Discovery par Netflix pouvait être autorisé, laissant augurer un examen serré de l’une des plus importantes fusions de l’histoire du secteur du divertissement américain.
M. Trump a indiqué à des journalistes, alors qu’il arrivait au Kennedy Center pour présider la cérémonie annuelle de remise des distinctions, qu’il « participerait à cette décision ».
Il a ajouté que des économistes devraient se prononcer sur l’impact de l’opération, en soulignant que l’entité fusionnée détiendrait « une très grande part de marché », ce qui « pourrait poser problème ».
M. Trump a également indiqué que le rapprochement « suivrait une procédure », qualifiant Netflix d’« excellente entreprise » et louant son co‑directeur général Ted Sarandos, présenté comme « un homme formidable ».
Netflix a annoncé l’accord de rachat le 5 décembre. L’accord valorise Warner Bros. Discovery à 27,75 dollars par action, ce qui donne à la société une valeur nette d’environ 72 milliards de dollars et une valeur d’entreprise d’environ 82,7 milliards de dollars. Selon les termes de l’accord, les actionnaires de Warner Bros. Discovery recevraient 23,25 dollars en espèces et 4,50 dollars en actions Netflix pour chaque action en circulation. Les sociétés prévoient que l’accord sera finalisé au troisième trimestre 2026.
Dans un communiqué publié le 5 décembre, Ted Sarandos a affirmé que la mission de Netflix « a toujours été de divertir le monde », estimant que cette fusion renforcerait cet objectif en combinant le catalogue de Warner Bros. – de Casablanca à Harry Potter – avec celui de Netflix, de Stranger Things à Squid Game.
« Ensemble, nous pourrons offrir davantage de ce que le public aime et contribuer à définir le prochain siècle de récit audiovisuel », a‑t‑il déclaré.
Le co‑directeur général de Netflix, Greg Peters, a assuré que cette acquisition « améliorerait notre offre et accélérerait notre développement pour des décennies ». Selon lui, les capacités de production et les équipes créatives de Warner Bros., associées à l’empreinte mondiale de Netflix, permettront de séduire un public plus large et de créer « davantage de valeur pour les actionnaires ».
Le directeur général de Warner Bros. Discovery, David Zaslav, a fait valoir que les deux groupes étaient « deux des plus grands conteurs d’histoires au monde » et que leur rapprochement permettrait à des franchises emblématiques de toucher des audiences encore plus vastes.
Oppositions dans le secteur et craintes réglementaires
Plusieurs organisations professionnelles du secteur se sont élevées contre le projet, appelant les autorités à bloquer la fusion.
La Writers Guild of America (WGA), branches Est et Ouest, a souligné dans un communiqué publié le 5 décembre que cette acquisition illustrait précisément le type de concentration que le droit de la concurrence est censé empêcher.
Selon le syndicat, « le plus grand service de streaming du monde avalant l’un de ses principaux concurrents » correspond au scénario que les lois antitrust visent à éviter : un tel résultat détruirait des emplois, exercerait une pression à la baisse sur les salaires, dégraderait les conditions de travail des professionnels du divertissement, renchérirait les offres pour les consommateurs et réduirait le volume comme la diversité des contenus disponibles.
La WGA estime que les travailleurs du secteur et le grand public ressentent déjà les effets d’un marché où quelques acteurs dominants contrôlent étroitement ce qui est proposé à la télévision, sur les plateformes de streaming et en salles.
« Cette fusion doit être interdite », conclut le syndicat.
Compte tenu de son ampleur, l’opération devrait faire l’objet d’un examen antitrust du département de la Justice (DOJ). Plusieurs élus républicains au Congrès ont déjà averti que cette fusion risquait de réduire le choix offert aux consommateurs et d’accroître de façon significative la position dominante de Netflix.

Le sénateur Mike Lee (républicain de l’Utah), au Dirksen Senate Office Building, à Washington, le 15 janvier 2025. (Kevin Dietsch/Getty Images)
Le sénateur Mike Lee, qui préside la sous‑commission antitrust du Sénat, a estimé, dans un message publié le 4 décembre sur X, qu’un rachat de Warner Bros. Discovery par Netflix « devrait alerter les autorités de la concurrence du monde entier ».
« Netflix a bâti un excellent service, mais accroître sa domination de cette manière signerait la fin de l’âge d’or du streaming pour les créateurs comme pour les consommateurs », a‑t‑il écrit.
Gail Slater, qui dirige la division antitrust du DOJ, a rappelé le mois dernier que ses services concentraient leurs efforts sur les principaux postes de dépenses des ménages. Elle a publié un graphique montrant que les loisirs et divertissements représentent environ 5 % des dépenses des foyers américains.
Dans une lettre adressée le 17 novembre à Mme Slater, le représentant Darrell Issa (républicain de Californie) a souligné que les plus de 300 millions d’abonnés dans le monde de Netflix lui conféraient déjà « un pouvoir de marché sans équivalent » et que l’opération pourrait porter sa part de marché dans le streaming au‑delà de 30 %, un seuil qu’il qualifie de « présomptivement problématique ».
Des élus démocrates, dont la représentante Pramila Jayapal (démocrate de l’État de Washington), coprésidente du House Monopoly Busters Caucus, ont, eux aussi, dénoncé l’accord, le qualifiant de cauchemar, dans un message du 5 décembre sur X.
« Cela signifierait davantage de hausses de prix, de publicités et de contenus standardisés », a‑t‑elle prévenu.
Le quotidien Epoch Times a sollicité des commentaires de Netflix, de Warner Bros. Discovery et de la Maison‑Blanche, sans obtenir de réponse à l’heure de publication.

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
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