Des groupes antifas européens ajoutés à la liste américaine des organisations terroristes
La FTO, la liste officielle des organisations terroristes étrangères du gouvernement américain, dominée jusqu’ici par des groupes djihadistes et plusieurs cartels, accueille pour la première fois depuis plus de vingt ans des organisations européennes : quatre groupes Antifa.
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L’inscription sur cette liste donne aux autorités américaines le pouvoir d’enquêter sur les soutiens de ces groupes, de les poursuivre, et de saisir leurs avoirs.
Les organisations ajoutées le 20 novembre incluent :
• des anarchistes italiens auteurs d’une campagne de lettres piégées visant des responsables européens ;
• un groupe allemand armé de marteaux, accusé d’agresser à coup de marteau des membres de partis de droite ;
• deux groupes grecques se réclamant de l’anticapitalisme.
Abréviation d’« antifasciste », les Antifa s’en prennent à tous ceux qu’ils considèrent être des « fascistes », promettant d’y parvenir « par tous les moyens nécessaires », un mot d’ordre emblématique du mouvement.
Voici ce qu’il faut savoir sur les quatre groupes en question.
Italie, berceau du “plus vaste réseau anarchiste du monde”
L’un des groupes est basé en Italie, où le fascisme a pris naissance sous Benito Mussolini dans les années 1920.
Il s’agit de la Fédération anarchiste informelle (FAI), également appelée Front révolutionnaire international.
Selon un rapport publié en mars 2024 par l’International Centre for Counter-Terrorism, la FAI « est probablement le plus grand réseau anarchiste au monde et celui qui revendique le plus grand nombre d’attaques ».
Le groupe a revendiqué des actions en Italie, Grèce, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Indonésie, Chili, Brésil et Mexique.
Depuis 2003, la FAI a mené actes de violence, attentats, bombes artisanales et envois de colis piégés contre ce qu’elle qualifie « d’institutions capitalistes », indique le Département d’État américain dans une note du 13 novembre. Elle opère principalement en Italie mais dispose d’« affiliés autoproclamés en Europe, en Amérique du Sud et en Asie ».
La Fédération affirme qu’une « lutte armée » est nécessaire contre les États-nations et « la Forteresse Europe ».
Des policiers et des manifestants s’affrontent lors d’un rally « antifasciste » et « antiraciste » à Milan le 24 février 2018. Francesca Volpi/Getty Images
Bien que ses attaques aient rarement été mortelles, les autorités italiennes auraient « sous-estimé » la dangerosité de cette mouvance, selon le rapport. Le texte qualifiait cette forme « d’anarchisme insurrectionnel » de menace terroriste intérieure la plus sérieuse en dehors du djihadisme.
La FAI entretient également des « liens idéologiques et de solidarité » avec des groupes anarchistes grecs.
Groupes anti-capitalistes grecs
Deux groupes grecs figurent aussi parmi les nouvelles FTO :
• Défense de classe révolutionnaire (Revolutionary Class Self-Defense)
• Justice prolétarienne armée (Armed Proletarian Justice)
Tous deux se revendiquent de l’anticapitalisme et utilisent couramment des engins explosifs improvisés contre des cibles gouvernementales.
En février 2024, un engin explosif a visé le ministère grec du Travail ; l’évacuation rapide a permis d’éviter des blessés.
En avril 2025, le groupe a revendiqué cet attentat ainsi qu’une explosion dans les bureaux de la compagnie ferroviaire Hellenic Train, affirmant agir en raison de préoccupations liées à la sécurité du réseau.
Le groupe Armed Proletarian Justice a revendiqué une tentative d’attentat contre le siège de la police à Athènes en 2023.
Des membres de la police antiterroriste grecque après une attaque à la bombe à Athènes, le 11 avril 2025. Aris Oikonomou/SOOC/AFP via Getty Images
Dans un message publié sur un site anarchiste, il menaçait :
« Vous avez eu de la chance cette fois-ci, mais cela ne se reproduira pas. Nous dédions notre action à ceux qui ont été tués, torturés, battus ou violés par la police grecque. »
Allemagne : le “gang au marteau”
Si l’idéologie antifasciste s’est installée tôt en Italie, l’Allemagne est souvent considérée comme le berceau de la version moderne d’Antifa — c’est en Allemagne que les drapeaux, symboles et tactique du « black bloc » ont vu le jour.
Parmi les nouveaux groupes désignés, l’un ressort particulièrement : Antifa Ost (« Antifa de l’Est »), surnommé Hammerbande, « le gang au marteau ».
Ce groupe s’est rendu célèbre pour des agressions menées au marteau, parfois en plein jour, comme le montrent des vidéos en ligne.
Sept de ses membres ont comparu le 25 novembre en Allemagne pour tentative de meurtre et d’autres chefs d’inculpation. Entre 2018 et 2023, ils auraient attaqué des personnes considérées comme « fascistes », selon les procureurs.
Les autorités allemandes ont toutefois minimisé la menace au moment de la désignation américaine, indiquant que la plupart des membres les plus violents étaient déjà en détention.
L’annonce américaine est intervenue après une décision similaire de la Hongrie. En 2023, l’indignation avait été forte en Hongrie après que des membres d’Antifa Ost ont été accusés d’avoir blessé neuf personnes lors d’un rassemblement de droite à Budapest ; un passant aurait été agressé pour le simple port d’un vêtement camouflage.
Un compte sur les réseaux sociaux se présentant comme « antifaost » affiche la mention : « Action contre l’extrême droite en Allemagne de l’Est. Plus jamais le fascisme ! »
Que permet la désignation FTO ?
La classification américaine FTO rend illégal tout soutien matériel, financier ou logistique aux groupes, et interdit aux personnes de nationalité américaine de faire du commerce avec eux.
Elle intervient après la décision de Donald Trump, en septembre, de classer Antifa comme “organisation terroriste intérieure”.
Cet ordre exécutif enjoint les agences d’« enquêter, perturber et démanteler toute activité illégale — en particulier celles de nature terroriste — menée par Antifa ou par quiconque prétendant agir en son nom ».
Le directeur du FBI, Kash Patel, a déclaré à Epoch Times : « Avec nos partenaires du Trésor, nous remontons les flux financiers, cartographions tout le réseau et les traitons comme une organisation terroriste. »
Il a prévenu que « dès le début de l’année prochaine », plusieurs enquêtes et poursuites « très fondées » seraient rendues publiques.
Selon J. Michael Waller, un ancien officier de la CIA, ces désignations FTO ont « dynamisé la lutte contre l’extrémisme violent intérieur » en mobilisant des outils juridiques déjà éprouvés.
Il ajoute que le public se méprend souvent sur Antifa : l’antifascisme étant perçu comme moralement juste, certains pensent spontanément qu’il s’agit « de gentils », et ils minimisent les violences comme de simples débordements.
En réalité, dit-il, « leur objectif est de renverser les gouvernements », potentiellement région après région.
Le Congrès de l’unité d’Antifa à l’Opéra Philharmonique, organisé par le Parti communiste allemand en réaction à la montée de Benito Mussolini dans les années 1920, à Berlin, le 10 juillet 1932. Domaine public.
Il affirme que les tactiques d’Antifa s’inspirent de celles du dictateur soviétique Joseph Staline, rappelant qu’Antifa, fondée en Allemagne en 1932 sous influence communiste, visait à radicaliser la société afin de provoquer la montée d’Adolf Hitler.
Jan Jekielek a contribué à cet article.
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