Chine: des diplomates refoulés du domicile de la veuve du dissident Liu Xiaobo
Cinq diplomates occidentaux, dont un Allemand et un Français, ont été refoulés du domicile de la veuve du dissident chinois Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix décédé l'an dernier en détention, a-t-on appris dimanche de sources diplomatiques.

Des manifestants portant des bougies participent à une marche pour pleurer la mort du lauréat du prix Nobel Liu Xiaobo le 15 juillet 2017 à Hong Kong. Photo par Billy HC Kwok / Getty Images
Cinq diplomates occidentaux, dont un Allemand et un Français, ont été refoulés du domicile de la veuve du dissident chinois Liu Xiaobo, maintenue de facto en résidence surveillée, a-t-on appris dimanche de sources diplomatiques. Les diplomates, représentant cinq ambassades occidentales, ont tenté vendredi matin de se rendre au domicile pékinois de la poétesse Liu Xia, veuve du prix Nobel de la paix 2010. Ce dernier est décédé l’an dernier d’un cancer alors qu’il était toujours formellement placé en détention pour« subversion ». Liu Xia a été par la suite maintenue de facto en résidence surveillée, alors même qu’elle n’a jamais fait l’objet de poursuites ou d’une condamnation.
Certains diplomates ont été bloqués par des gardiens à l’entrée du complexe résidentiel où vit Mme Liu et d’autres au pied de son immeuble, ont précisé ces sources. Les gardiens ont procédé au contrôle de l’identité des cinq diplomates sans préciser pourquoi il n’était pas possible de rendre visite à la poétesse. Liu Xia, de facto aux arrêts domiciliaires depuis que Liu Xiaobo a obtenu son prix Nobel, est officiellement« libre » de ses mouvements, répètent les autorités chinoises. La rare tentative des ambassades occidentales survient quelques jours après des informations inquiétantes sur l’état psychologique de Liu Xia, 57 ans. L’un de ses proches, l’écrivain Liao Yiwu, qui vit en exil en Allemagne, a rapporté que la poétesse lui avait confié lors d’un appel téléphonique qu’elle était prête à « se laisser mourir », les autorités chinoises lui interdisant de quitter le pays.
Interrogée au sujet de ces appels diplomatiques et des propos de Liu Xia, le ministère chinois des Affaires étrangères avait assuré début mai « ne pas être au courant ». « Liu Xia est une ressortissante chinoise et les organismes chinois concernés gèrent ces questions conformément à la loi », avait simplement indiqué à la presse Hua Chunying, porte-parole du ministère. En décembre, Liao Yiwu s’était déjà dit inquiet de l’état psychologique de Liu Xia, indiquant qu’elle prenait « beaucoup de médicaments pour contrôler sa dépression ». Son mari Liu Xiaobo avait été condamné en 2009 à onze ans de prison pour « subversion », le régime lui reprochant notamment d’avoir co-rédigé un manifeste, la Charte 08, prônant des élections libres.Le dissident est mort d’un cancer du foie en juillet 2017, toujours en détention, sans que Pékin cède aux appels de l’Occident à le laisser partir à l’étranger pour se soigner.
DC avec L’AFP
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