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Nice : trois militants pro-palestiniens interpellés après une tentative d’intrusion dans une synagogue

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Jeudi soir, trois militants pro-palestiniens ont été interpellés à Nice après avoir tenté de pénétrer de force dans une synagogue du centre-ville. Les faits, qui ont suscité une vive émotion dans la communauté juive locale, ont immédiatement été condamnés par les autorités préfectorales et municipales.

Photo: : ALEJANDRO MARTINEZ GONZALEZ/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

La tension autour du conflit israélo-palestinien continue de se répercuter sur le sol français. Jeudi soir, trois militants pro-palestiniens ont été interpellés à Nice après avoir tenté de pénétrer de force dans une synagogue du centre-ville. Les faits, qui ont suscité une vive émotion dans la communauté juive locale, ont immédiatement été condamnés par les autorités préfectorales et municipales.

Une tentative d’intrusion signalée en début de soirée

Selon les informations confirmées par la  et le parquet de Nice, l’incident s’est produit aux alentours de 19 heures. La police a été alertée de la présence de plusieurs individus qui tentaient d’entrer dans la synagogue Loubavitch, située en plein cœur de la ville. Certains d’entre eux brandissaient des drapeaux palestiniens. À l’intérieur de l’édifice religieux se déroulait alors une réunion d’information consacrée à l’alyah, l’immigration en Israël, rassemblant des fidèles et des familles.

D’après les premiers éléments recueillis par les enquêteurs, plusieurs personnes ont tenté de forcer l’entrée, tout en proférant des injures à caractère religieux. Le parquet de Nice a évoqué dans un communiqué des « faits de violences et d’injures en raison de la religion », confirmant que les mis en cause avaient cherché à pénétrer dans le lieu de culte malgré l’opposition des fidèles et des responsables communautaires.

Une femme enceinte bousculée

Dans le mouvement de bousculade, une femme enceinte a été heurtée, précise la préfecture, qui a communiqué sur la plateforme X (ex-Twitter). Si son état n’inspire pas d’inquiétude immédiate, l’incident a accru le climat de tension. Plusieurs témoins présents sur place ont fait état d’une scène « particulièrement choquante », compte tenu du caractère religieux de la réunion et de la vulnérabilité des personnes présentes.

Les forces de l’ordre, rapidement dépêchées sur les lieux, ont procédé à l’interpellation de trois personnes : deux femmes quadragénaires et un homme âgé d’une soixantaine d’années. Tous trois ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte en flagrance.

Une enquête pour violences aggravées

Le parquet a confirmé que les trois interpellés étaient poursuivis pour violences aggravées par trois circonstances : sur personne vulnérable, en réunion et en raison de la religion. Ils sont également soupçonnés d’injures publiques à caractère antisémite. Le cadre de la flagrance permettra aux enquêteurs de la sûreté départementale d’exploiter rapidement les témoignages, les vidéos de surveillance ainsi que les déclarations des mis en cause.

À ce stade, les motivations précises des militants interpellés restent à établir. S’agit-il d’un acte prémédité visant à perturber spécifiquement cette réunion ou d’une action militante improvisée ? Les enquêteurs cherchent à éclaircir ce point.

Condamnations unanimes des autorités locales

Dans la soirée, le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, a tenu à réagir publiquement. « Je condamne très fermement cet acte inacceptable », a-t-il écrit sur X, précisant que des effectifs de police resteraient mobilisés devant la synagogue « autant que nécessaire » afin de prévenir toute nouvelle tentative d’intrusion.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, membre du parti Horizons, a également exprimé son indignation. Il a dénoncé une « intrusion intolérable » et rappelé la nette progression des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque sanglante menée par le Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza.

« Nous ne pouvons accepter que la guerre importée du Proche-Orient vienne menacer nos concitoyens juifs dans leur liberté de culte », a-t-il affirmé, réitérant son soutien à la communauté.

Une inquiétude croissante face aux actes antisémites

L’incident survenu à Nice s’inscrit dans un contexte national préoccupant. Depuis l’automne dernier, les autorités ont observé une flambée des actes antisémites, allant des inscriptions hostiles aux menaces physiques. Selon le ministère de l’Intérieur, plusieurs centaines de faits ont été recensés en quelques mois, un niveau inédit depuis plus de vingt ans.

Le gouvernement a multiplié les messages de fermeté, promettant des moyens supplémentaires pour protéger les lieux de culte et les écoles juives. Dans plusieurs grandes villes, des renforts de police et de gendarmerie ont été déployés, notamment autour des synagogues, particulièrement visées par des actions de provocation ou des tentatives d’intimidation.

La communauté sous le choc

À Nice, la communauté Loubavitch, très active et visible, n’avait jamais été confrontée à une tentative d’intrusion de ce type. Des fidèles interrogés après l’incident ont confié leur stupeur. « Nous étions venus écouter une conférence sur l’alyah, un sujet déjà sensible pour beaucoup, et nous avons été attaqués pour ce que nous sommes », a témoigné un participant.

Pour les responsables communautaires, l’affaire illustre un climat de plus en plus lourd. « On nous dit souvent que nous exagérons quand nous parlons d’insécurité, mais les faits sont là », a déclaré un membre de la synagogue.

Un dossier suivi de près

L’affaire est désormais suivie de près par le parquet de Nice, qui devra déterminer si les faits s’apparentent à un simple trouble à l’ordre public ou à une manifestation plus grave d’antisémitisme. En cas de poursuites, les prévenus risquent plusieurs années d’emprisonnement pour violences aggravées, ainsi que des peines complémentaires liées aux injures à caractère discriminatoire.

Alors que les gardes à vue se poursuivent, les autorités locales tentent de rassurer la communauté juive de Nice. Des patrouilles de police supplémentaires ont été annoncées pour les jours à venir. « La République ne laissera pas prospérer la haine », a insisté Laurent Hottiaux.

Une crispation qui dépasse Nice

Cet épisode, survenu dans une ville où coexistent des communautés aux sensibilités diverses, témoigne des tensions accrues qui traversent la société française depuis le début de la guerre à Gaza. À Paris, Marseille, Lyon et dans d’autres grandes agglomérations, les autorités observent également une recrudescence d’incidents liés au conflit.

La difficulté pour les pouvoirs publics reste de trouver un équilibre entre la liberté d’expression et la prévention des débordements, dans un contexte où les manifestations pro-palestiniennes et les rassemblements de soutien à Israël se multiplient, parfois sous haute surveillance policière.

À Nice, la tentative d’intrusion de jeudi soir pourrait marquer un tournant. Pour les fidèles de la synagogue Loubavitch, elle restera comme un signal d’alarme supplémentaire : celui d’une société française où les fractures internationales s’invitent brutalement dans la vie quotidienne.