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À huit mois des municipales : les Écologistes tiraillés entre leurs différents partenaires

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Le logo du parti politique, Europe Ecologie les Verts (EELV).

Photo: LOU BENOIST/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

À huit mois des municipales, les Écologistes veulent conserver leurs villes et souhaitent des unions de la gauche « les plus larges possibles », mais se retrouvent tiraillés entre des partenaires antagonistes, les Insoumis et les socialistes.
Après la vague verte de 2020, lors de laquelle les écologistes avaient gagné Lyon, Marseille (où ils avaient rapidement laissé le siège de maire à un DVG), Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Tours, Annecy, Poitiers et conservé Grenoble, l’enjeu est d’abord de sauvegarder leurs bastions, dans un contexte où l’écologie n’a plus le vent en poupe.
Souvent avec le PS, parfois avec LFI, rarement avec les deux
« Mais tous nos maires ont été élus sur des listes de gauche plurielle », souvent avec le PS, parfois avec LFI, rarement avec les deux, rappelle Alain Coulombel, ex-membre de la direction des Verts.

(De g. à dr.) Le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou et les porte-parole d’EELV Eva Esa et Alain Coulombel le 29 avril 2022. (ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images)

Ce qui nécessite de ne se fâcher avec personne. Surtout à un an de la présidentielle, où les Écologistes plaident le rassemblement. Et pourraient encore se retrouver à devoir choisir entre une gauche réformiste et une autre plus radicale.
Pas d’accord national avec les Insoumis pour le PS
Mais le PS refuse tout accord national avec les Insoumis. Même si quelques arrangements seront possibles « au cas par cas ».
En face, LFI, peu implantée localement, n’hésite pas à viser des bastions socialistes, comme Rennes, Montpellier ou Rouen, souvent en sommant les Écologistes de choisir leur camp.
Et localement, ces derniers n’ont pas tous les mêmes enjeux. « Là où on a des maires sortants, on ne veut pas que LFI fasse des listes contre nous, mais la plupart des maires veulent avoir les socialistes avec eux », résume un écologiste.
Et dans les villes PS, « les militants écologistes sont souvent plus favorables à des accords avec LFI » ou « veulent partir en autonomie ».
Le PS montre les dents
Le PS a prévenu qu’il répliquerait en cas d’attaque de ses bastions. Même l’ex-candidat à la présidentielle des Verts Yannick Jadot a menacé d’aller soutenir des maires socialistes si les Écologistes locaux s’allient avec LFI, contre le PS.

Yannick Jadot, membre du parti Europe-Écologie-Les Verts (EELV) et député européen, sort de l’isoloir pour voter dans le cadre des élections sénatoriales françaises à l’hôtel de ville de Paris, le 24 septembre 2023. (GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images)

« Les Écologistes sont dans la roue des socialistes »
Pourtant, malgré la pression des Insoumis, il n’y aura pas d’accord national avec les Écologistes, déplore Paul Vannier, responsable des élections au sein du mouvement de gauche radicale.

Paul Vannier lors des questions au gouvernement, à l’assemblée nationale, à Paris le 17 juin 2025. (MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Alors il se concentre sur les discussions locales, qui « avancent », assure-t-il, même si « le principal frein, ce sont les vieilles habitudes : les Écologistes sont dans la roue des socialistes ».
La décision appartient aux adhérents locaux 
Faire des accords nationaux, « ce n’est pas possible » chez les Écologistes, rappelle la patronne du parti Marine Tondelier, au nom du principe de subsidiarité : ce sont les adhérents locaux qui décident.

Marine Tondelier à Bagneux, département des Hauts-de-Seine,  le 2 juillet 2025. Conférence de presse du Front populaire 2027 pour l’union des partis de gauche à l’élection présidentielle de 2027. (DANIEL PERRON/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Mais le bureau politique du parti vient d’être chargé « d’ouvrir des discussions (…) avec les partenaires politiques dans les villes de plus de 100.000 habitants ».
De quoi créer la panique chez les Écologistes, où certains ont vu une volonté d’imposer d’en haut des accords pour satisfaire LFI.
« Limiter les alliances avec les Insoumis et protéger les socialistes »
Quand d’autres pensent au contraire qu’il s’agit de « limiter les alliances avec les Insoumis et protéger les socialistes ».
« Selon les villes, il n’y a pas de partenaires privilégiés », assure Olivier Bertrand, en charge des élections, soulignant par exemple qu’à Grenoble, LFI est dans la majorité municipale et le PS dans l’opposition, à l’inverse de Bordeaux.
Dans cette ville, le maire sortant Pierre Hurmic prévient qu’il ne se fera « pas dicter sa conduite » par le national, et qu’il entend repartir avec une majorité comprenant PS et PCF mais sans LFI.

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, pose dans le vignoble de Boissonneau à Saint-Michel-de-Lapujade, dans le sud-ouest de la France, le 26 août 2024. (ROMAIN PERROCHEAU/AFP via Getty Images)

« On peut aider les gens à se parler »
« C’est toujours le local qui décidera en dernier ressort », assure Marine Tondelier, mais « on peut aider les gens à se parler ». Traduction : « Ils vont tordre des bras », pense un écologiste.
Le sénateur écologiste Thomas Dossus souligne que « c’est parfois compliqué de travailler avec des socialistes », comme à Lille, ville PS où les Écologistes sont dans l’opposition.

Le sénateur Thomas Dossus du parti EELV europe ecologie les verts et la députée européenne Gwendoline Delbos-Corfield de l’ALE european free alliance déposent des fleurs lors du rassemblement du mémorial en hommage aux tués de la frontière à Briançon le 16 mars 2024. (VICTORIA VALDIVIA/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Une manière de laisser ouverte la possibilité de listes Écologistes-LFI ou autonomes, dans ces villes de gauche « où on a le luxe de partir divisé », dit Marine Tondelier.
Des problèmes avec LFI
Ailleurs, ce sont les relations avec LFI qui peuvent être compliquées. Ainsi à Roubaix, une des principales villes où les Insoumis estiment avoir leur chance en 2026, « jamais il n’y aura d’accord avec David Guiraud », le député LFI en campagne, jugé trop  » ‘borderline’ sur l’antisémitisme », affirme un cadre du parti.

David Guiraud assiste à une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, à Paris, le 19 mars 2025. (MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Quant à Paris, Lyon et Marseille, détenues par des alliances de gauche, Écologistes et PS restent divisés sur la stratégie. Le PS souhaite un accord dès le premier tour avec les Verts, qui eux ne seraient pas contre des accords avec LFI. Qui sinon pourrait « avoir un pouvoir de nuisance », note un cadre écologiste.